Patriarche Youssef

Lettres de Sa Béatitude Grégoire III à l'occasion de l'Année de Saint Paul

29 6 2008




 

Lettre de Sa Béatitude Gregorios III,
Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
d'Alexandrie et de Jérusalem,
à l'occasion de la clôture de l'Année de Saint Paul
 

Les coopérateurs de Saint Paul
 
"Je vous confie au Seigneur et à la parole de sa grâce"
(Actes des Apôtres 20, 32)
 

De Gregorios III, serviteur de Jésus-Christ,
par la grâce de Dieu Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
d'Alexandrie et de Jérusalem,
à Leurs Excellences Révérendissimes les Hiérarques,
membres de notre Saint Synode vénérable,
et à tous les fils et toutes les filles de l'Eglise Grecque-Melkite Catholique dans le Christ, clergé et peuple, qui sont
"appelés à être saints, avec tous ceux qui,
en quelque lieu que ce soit, invoquent le Nom de Jésus-Christ,
notre Seigneur (…), à vous grâce et paix de par Dieu,
notre Père, et le Seigneur Jésus-Christ"
(I Corinthiens 1, 2-3).
 

 

       A l'occasion de la clôture de l'année jubilaire des 2000 ans de sa naissance, année consacrée à le connaître et à le vénérer, l'Apôtre Saint Paul ne nous fait pas ses adieux, car il est toujours présent parmi nous et nous entendons sa voix dans chaque Divine Liturgie, surtout le dimanche.
"Je vous confie au Seigneur et à la parole de sa grâce": Saint Paul ne nous fait pas des adieux. Il nous remercie pour la vénération que nous lui avons réservée pendant cette année. Il nous recommande sa vocation, son Evangile et la parole de la grâce de Dieu, de sorte que notre foi ne soit pas superficielle ni inutile, que cette année jubilaire ne soit pas sans fruits dans notre Eglise.
Ce que dit Saint Paul à ses coopérateurs et à la première communauté chrétienne, je vous le transmets à vous, les fils et les filles de notre Eglise Grecque-Melkite Catholique, et à tous ceux qui liront cette lettre, à tous ceux qui ont célébré cette année paulinienne, à tous ceux qui ont vénéré le souvenir de l'Apôtre, qui ont médité ses Epîtres, qui ont présenté ses Epîtres au peuple dans leurs prédications. Je mentionne spécialement mes frères les Evêques, les prêtres, ainsi que les moines, les moniales, les catéchistes, les directeurs des confréries, les scouts et les jeunes des autres mouvements, qui ont vraiment voulu célébrer cette année avec beaucoup d'amour, qui ont renouvelé leur foi et la foi du cher peuple de Dieu, qui ont fait le pèlerinage spirituel à Damas et aux autres lieux qui vivifient le souvenir de l'Apôtre Paul.

 

L'Année de Saint Paul

       Le Saint Père a voulu que l'Année de Saint Paul soit une célébration qui vivifie notre foi. Cette célébration est cependant un événement en soi. Nous avons célébré cet événement, à Damas, d'une très belle manière.

 

       Je voudrais inclure ici, parmi les coopérateurs de Saint Paul, ceux qui, surtout en Syrie, ont collaboré à animer ce jubilé, et citer en premier lieu Son Excellence le Président de la République Arabe Syrienne, le Docteur Bachar al-Assad, qui, avec plusieurs de ses ministres, a voulu donner à cette année un élan tout spécial. Sont aussi à remercier toutes les différentes commissions qui, sur place, se sont activées pendant cette Année de Saint Paul. A tous, la bénédiction de Paul et son amour.
Ce jubilé est un point de départ pour Saint Paul, pour sa mission dans le troisième millénaire. Il nous livre ses Epîtres comme un reliquaire, et il voudrait que nous soyons parmi ses coopérateurs pour porter le message de l'Evangile, à l'exemple de ceux qui ont collaboré avec lui et qui étaient à ses côtés. Nous voudrions être tous – ou une élite parmi nous – de ceux qui ont mérité que Saint Paul leur donne les beaux noms qu'il a donnés à ses coopérateurs.
Dans cette quatrième lettre sur Saint Paul en cette année paulinienne, je voudrais découvrir Saint Paul qui fait participer les nouveaux fidèles, juifs et païens, au message de l'Evangile. Bien que Saint Paul veuille se dire toujours "Apôtre appelé" par le Christ Jésus Lui-même, malgré cela il appelle les nouveaux fidèles à travailler avec lui, à ses côtés et selon ses directives.
C'est ce que nous verrons dans les Actes des Apôtres, qui racontent la vie de Saint Paul en détail, et plus tard dans ses Epîtres.

 

Les coopérateurs de Saint Paul dans les Actes des Apôtres

       Les premiers chrétiens de Damas sauvent Paul de la mort et le font fuir hors des murailles de leur ville (Bab Kissan) et échapper au roi des Nabatéens, Arétas IV, de qui dépendait le gouverneur de la ville (Actes 9, 25).


       A Tarse, Paul et Barnabé se rencontrent, et tous deux vont à Antioche et y recueillent les dons pour les nouveaux fidèles de Jérusalem (Actes 11, 30).
       Barnabé reste à côté de Paul, alors, dans beaucoup de ses randonnées missionnaires. Ensemble, ils fondent les premières communautés chrétiennes et ils "désignent des prêtres dans chaque Eglise" (Actes 14, 23).
       Parmi les premiers coopérateurs de l'Apôtre, nous trouvons les noms de Jude et Silas (Actes 15, 27). Après un certain temps, Paul et Barnabé se séparent (Actes 15, 39). Par la suite, Paul s'attache comme compagnon Silas (Actes 15, 40). Puis, à Derbé et à Lystres, Paul prend avec lui Timothée (Actes 16, 1-3).
       Dans la ville de Philippes, Paul et Silas sont hôtes de la vendeuse de pourpre Lydie: "Le Seigneur lui ouvrit le cœur et la rendit attentive aux paroles de Paul. Une fois baptisée, ainsi que les siens, elle nous fit cette prière: Puisque vous me tenez pour une fidèle du Seigneur, venez demeurer chez moi. Et elle nous y contraignit" (Actes 16, 14-15 et 40).
A Corinthe, Saint Paul rencontre Aquilas et sa femme Priscilla: "Il se lia avec eux et, comme il exerçait le même métier, ils travaillèrent ensemble; c'étaient des fabricants de tentes" (Actes 18, 1-3). Toujours à Corinthe, Paul "alla chez un certain Titius Justus, homme craignant Dieu, dont la maison était contiguë à la synagogue. (…) Paul y séjourna un an et six mois, enseignant parmi les Corinthiens la parole de Dieu" (Actes 18, 7 et 11).
       De Corinthe, Paul "fit voile vers la Syrie, en compagnie de Priscilla et d'Aquilas" (Actes 18,18), puis s'arrêta à Ephèse. Là, Priscilla et Aquilas prirent avec eux Apollos, "homme savant et versé dans les Ecritures", qui "avait été instruit de la Voie du Seigneur" partiellement, "et lui exposèrent plus exactement la Voie du Seigneur" (Actes 18, 24-26). Ensuite, Apollos se rendit en Achaïe, où il fut, par la grâce, d'un grand secours aux croyants" (Actes 18,27).

 

       A Ephèse, ensuite, Saint Paul enseigna pendant deux ans dans l'école d'un certain Tyrannos (Actes 19, 9-10). Un peu plus tard, d'Ephèse, Paul "envoya en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et Eraste" pour y prêcher (Actes 19,22).
       Toujours à Ephèse se trouvent "les Macédoniens Gaïus et Aristarque, compagnons de voyage de Paul" (Actes 19, 29).
       On remarque que beaucoup de coopérateurs de Saint Paul ont été mis par l'Eglise au nombre des disciples et des Saints (voir en appendice leurs fêtes et commémoraisons selon le Synaxaire des Eglises de tradition byzantine et selon le Martyrologe romain).
       Dans le voyage de Paul d'Ephèse vers la Macédoine, "l'accompagnent Sopater, fils de Pyrrhus, de Bérée; Gaius, de Derbé, et Timothée, Tychique et Trophime, d'Asie" (Actes 20, 4).
       Avant de repartir pour Jérusalem, "de Milet Paul envoya des messagers à Ephèse pour convoquer les prêtres de cette Eglise" (Actes 20, 17), et, après leur arrivée, leur fit ses adieux en un discours très émouvant (Actes 20, 18-35). On y lit notamment:
        "Et maintenant, je sais que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j'ai passé, prêchant le Royaume" (Actes 20, 25).
         "Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a institués épiscopes pour paître l'Eglise de Dieu, cette Eglise qu'il s'est acquise de son propre sang" (Actes 20, 28).
"Veillez donc, et rappelez-vous que, trois années durant,  nuit et jour, je n'ai cessé d'admonester avec larmes chacun d'entre vous. Et maintenant, je vous confie au Seigneur et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir d'édifier et de vous donner votre part d'héritage avec tous les sanctifiés" (Actes 20, 31-32).

 

       Une fois le discours terminé, Paul ploya les genoux et avec eux tous il pria. Tous alors éclatèrent en sanglots et, se jetant au cou de Paul, ils l'embrassèrent tendrement, affligés surtout de la parole qu'il avait dite: "Vous ne reverrez plus mon visage". Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au bateau (Actes 20, 36-38).
       Les Actes des Apôtres nous donnent un autre tableau de cette amitié spirituelle et profonde durant le passage de Paul et de ses compagnons à Tyr (Actes 21, 3-5).
       A Prolémaïs (la ville actuelle de Akka, siège de notre éparchie grecque-mekite catholique de Galilée, en Palestine), il y a une rencontre de Paul avec les premiers chrétiens de cette ville: "Nous saluâmes les frères et restâmes un jour avec eux" (Actes 21, 7). A Césarée de Palestine, il y a un nouveau compagnon de Paul: "Nous descendîmes chez l'évangéliste Philippe, l'un des sept [premiers diacres]" (Actes 21, 8). Sur la route de Césarée à Jérusalem, Paul et ses compagnons logent chez un disciple appelé Mnason, de Chypre (Actes 21, 16).
Dans la vie de Paul apparaît un seul de ses parents, dont le nom n'est pas cité: son neveu, fils de sa sœur, qui le sauve de la main des Juifs à Jérusalem (Actes 23, 16-22).
Dans son voyage à Rome pour être jugé par César, c'est Aristarque, un Macédonien, qui, avec Luc, l'accompagne. A la première escale, à Sidon (Saïda), Paul rencontre ses amis de cette ville et reçoit d'eux une aide (Actes 27, 3).
A son arrivée à Rome, les frères accueillent Paul à l'entrée de la ville, ce qui a conforté l'Apôtre dans sa dernière épreuve (Actes 28, 15).

 

Les coopérateurs de Paul à travers les Epîtres

Epître aux Romains

       Dans cette Epître, Paul s'adresse "à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux appelés, aux saints (Romains 1, 7).


       Il demande à Dieu, leur dit-il, "une occasion favorable de me rendre chez vous, cat j'ai un désir ardent de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel propre à vous affermir, ou plutôt nous réconforter ensemble par la foi qui nous est commune à vous et à moi" (Romains 1, 10-12). Ici apparaît l'amitié de Paul, en premier lieu comme une amitié dans la foi commune, qui est exprimée avec des termes très humains et sublimes.
       Saint Paul fait allusion, dans cette Epître, à une commission de fidèles de Macédoine et d'Achaïe qui ont recueilli de l'argent pour le distribuer "à ceux des saints de Jérusalem qui sont dans le besoin" (Romains 15, 26-27). Au chapitre 16, dernier de cette Epître, il y a un long chapelet de salutations et de recommandations concernant le groupe, très cher à Paul, de ses collaborateurs, à qui il donne de très beaux attrubuts (Romains 16, 1-16):
       "Je vous recommande notre sœur Phœbé, diaconesse de l'Eglise de Cenchrées, accueillez-la dans le Seigneur d'une manière digne des saints, et assistez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous, car elle est elle-même venue en aide à beaucoup de frères et à moi-même.

       "Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs dans le Christ Jésus, qui ont risqué leur tête pour me sauver; et je ne suis pas seul à leur devoir de la reconnaissance; il y a encore toutes les Eglises d'origine païenne. Saluez aussi l'Eglise qui se réunit chez eux. Saluez mon cher Epénète, prémices de l'Asie au Christ. Saluez Marie, qui s'est donné beaucoup de peine pour vous. Saluez Andronicus et Junias, mes parents et compagnons de captivité, illustres parmi les Apôtres et qui ont été dans le Christ avant moi. Saluez Ampliatus, qui m'est cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre collaborateur dans le Christ, et mon cher Stachys. Saluez Apelle, qui a fait ses preuves dans le Christ. Saluez ceux de la maison d'Aristobule. Saluez mon parent Hérodion. Saluez  ceux de la maison de Narcisse qui sont dans le Seigneur.

 

       "Saluez Tryphène et Tryphose, qui se donnent de la peine dans le Seigneur. Saluez la chère Persis, qui s'est donné beaucoup de peine dans le Seigneur. Saluez Rufus, cet élu dans le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne. Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas et les frères qui sont avec eux. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, ainsi qu'Olympas et tous les saints qui sont avec eux. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Toutes les Eglises du Christ vous saluent".
       Ensuite, Saint Paul transmet les salutations de ses collaborateurs qui sont avec lui (Romains 16, 21-23):
       "Timothée, mon collaborateur, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipatros, mes parents. Je vous sdalue dans le Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre. Gaïus, mon hôte et celui de l'Eglise entière, vous salue. Eraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que Quartus, notre frère".

 

Première Epître aux Corinthiens

       Cette Epître commence par le salut de "Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu", et d'un disciple, Sosthène, de qui nous ne savons que le nom (I Corinthiens 1, 1).
       Plus loin, on voit d'autres noms de personnes que Paul a baptisées lui-même: Crispus et Gaïus et "la famille de Stéphanas" (I Corinthiens 1, 14 et 16).
       On trouve de nouveau le nom de Barnabé (I Corinthiens 9, 6). Puis il y a tout un groupe de collaborateurs: Timothée, qui "travaille comme moi à l'œuvre du Seigneur (I Corinthiens 16, 10), Apollos (I Corinthiens 16, 12), la famille de Stéphanas (I Corinthiens 16, 15-17) dont les membres "sont les prémices de l'Achaïe et se sont rangés d'eux-mêmes au service des saimts. A votre tour, rangez-vous sous de tels hommes et sous quiconque travaille et peine avec eux".

 

       Paul cite ensuite Fortunatus et Achaïcus (I Corinthiens 16, 17) et ajoute: "Les Eglises d'Asie vous saluent. Aquilas et Prisca vous saluent bien dans le Seigneur, ainsi que l'assemblée qui se réunit chez eux (I Corinthiens 16, 19). Et il conclut en ces termes affectueux: "Je vous aime tous dans le Christ Jésus" (I Corinthiens 16, 24).

 

Deuxième Epître aux Corinthiens

       Le début de cette Epître fait allusion à la collaboration très étroite entre Paul et son "frère" Timothée (II Corinthiens 1, 1). Plus loin, on lit (II Corinthiens 1, 19): "Le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons prêché parmi vous, Silvain, Timothée et moi …". Puis il cite à plusieurs reprises con "frère" Tite (II Corinthiens 2, 13; 7, 6-7; 8, 6, 16-20 et 23; 12, 18).
       Au chapitre 8, il y a des allusions très claires à un groupe de l'Eglise de Macédoine qui forme, semble-t-il, une commission pour recueillir les aides aux chrétiens de Jérusalem (II Corinthiens 8, 1-5). A Corinthe même, il y a une commission semblable, de laquelle Saint Paul dit (II Corinthiens 8, 10-11): "A vous qui, dès l'an passé, avez été les premiers non seulement à entreprendre cette œuvre, mais encore à la décider. Maintenant, donc, achevez votre œuvre, et qu'ainsi les actes répondent, selon vos moyens, à l'ardeur du vouloir". Il semble que le coordinateur de cette commission pour le travail de recueillir les dons destinés aux fidèles de Jérusalem était Tite (II Corinthiens 8, 16 et 23).
       Il y a encore le souvenir de Tite avec deux autres collaborateurs, ce qui démontre clairement qu'il y avait des commissions qui travaillaient, en présence de Paul ou en son absence. En effet, Saint Paul s'occupait, bien sûr, de prêcher l'Evangile, mais il prenait soin aussi des aides matérielles aux pauvres de Jérusalem (II Corinthiens 8, 16-24):

 

       "Grâces soient à Dieu, qui met au cœur de Tite le même empressement pour vous. Il a répondu à mon appel. Plus empressé même que jamais, c'est de sa propre initiative qu'il se rend chez vous. Avec lui nous envoyons le frère dont toutes les Eglises font l'éloge au sujet de l'Evangile. Ce n'est pas tout; il a encore été désigné par le suffrage des Eglises comme notre compagnon de voyage dans cette libéralité, à laquelle nous nous consacrons pour la gloire du Seigneur Lui-même et la satisfaction de notre cœur. Par là nous voulons nous éviter tout blâme au sujet de ces grosses sommes dont nous avons la charge; car nous avons à cœur ce qui est bien, non seulement devant Dieu, mais encore devant les hommes. Avec eux nous envoyons celui de nos frères dont nous avons éprouvé l'empressement de maintes manières et en maintes circonstances, et qui dans le cas présent se montre encore beaucoup plus empressé, en raison de la grande confiance qu'il a en vous. Pour ce qui est de Tite, c'est mon compagnon et mon collaborateur auprès de vous; quant à nos frères, ce sont les délégués des Eglises, la gloire du Christ. Donnez-leur donc, à la face des Eglises, la preuve de votre charité et du bien-fondé de notre fierté à votre égard".
Saint Paul parle encore de ces commissions au chapitre suivant (II Corinthiens 9, 1-5):
"Quant à ce service en faveur des saints, il est superflu pour moi de vous écrire. Je sais en effet votre ardeur et j'en tire fierté pour vous auprès des Macédoniens: L'Achaïe, leur dis-je,  est prête depuis l'an passé. Et votre zèle a été un stimulant pour le plus grand nombre. Toutefois je vous envoie les frères, pour que la fierté que nous tirons de vous ne soit pas anéantie sur ce point, et que vous soyez prêts, ainsi que je l'ai dit. Autrement, si des Macédoniens viennent avec moi et ne vous trouvent pas prêts, notre belle assurance tournerait à notre  confusion, pour ne pas dire à la vôtre.

 

       "J'ai donc cru devoir inviter nos frères à nous précéder chez vous et à organiser d'avance votre largesse déjà annoncée, afin qu'elle soit prête comme une largesse, et non comme une lésinerie".
       Plus loin, Saint Paul note qu'il a été fidèle, avec ses collaborateurs, dans la distribution des dons (II Corinthiens 12, 16-18):
       "Soit, dira-t-on: personnellement je ne vous ai pas grevés. Mais, en fourbe que je suis, je vous ai pris par la ruse. Vous aurais-je donc exploités par l'un quelconque de ceux que je vous ai envoyés? J'ai insisté auprès de Tite, et j'ai envoyé avec lui le frère que vous savez. Tite vous aurait-il exploités? N'avons-nous pas marché dans le même esprit? Suivi les mêmes traces?"

 

Epître aux Galates

       Au début de cette Epître, Saint Paul écrit (Galates 1, 1-2): "Paul Apôtre, non de par les hommes ni par intermédiaire d'homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts, ainsi que tous les frères qui sont avec moi, aux Eglises de Galatie".

 

Epître aux Ephésiens

       Dans cette Epître, on trouve la mention d'un autre coopérateur (Ephésiens 6, 21-22): "Tychique, ce frère bien-aimé qui m'est un fidèle assistant dans le Seigneur, vous mettra au courant de tout. Je vous l'envoie tout exprès pour vous donner de nos nouvelles et consoler vos cœurs".

 

Epître aux Philippiens

       Dans cette Epître, qui commence par le salut de "Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippes" (Philippiens 1, 1), il y a la mention d'un groupe de fidèles, clergé et laïcs, qui sont les collaborateurs de Saint Paul (Philippiens 1, 3-11):
"Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous. Toujours et dans toutes mes prières, c'est avec joie que je prie pour vous tous, à la pensée du concours que vous avez prêté à l'Evangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant. Et j'en suis persuadé: Celui qui a commencé en vous cette belle œuvre en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus. Il est bien juste que j'aie ces sentiments envers vous tous, car je vous porte en mon cœur, vous qui, dans mes chaînes comme dans la défense et l'affermissement de l'Evangile, partagez tous la grâce qui m'a été faite. Oui, Dieu m'en est témoin, je vous chéris tous de la trendresse même du Christ Jésus. Et ce pour quoi je prie, c'est que votre charité croisse toujours de plus en plus en pénétration et parfaite clairvoyance, pour que vous puissiez discerner le meilleur. Ainsi serez-vous purs et sans reproche pour le jour du Christ, comblés du fruit de justice que nous obtient Jésus-Christ, à la gloire et louange de Dieu".
De nouveau, Saint Paul rappelle le travail de Timothée (Philippiens 2, 19-23):
"J'espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin d'avoir de vos nouvelles et d'éprouver moi-même du réconfort. Car je n'ai pas son pareil pour prendre vraiment à cœur vos affaires; tous en effet recherchent leurs propres intérêts, non ceux du Christ Jésus. Vous savez qu'il a fait ses preuves et que, tel un fils auprès de son père, il a servi avec moi la cause de l'Evangile. J'espère donc vous l'envoyer dès que j'aurai vu clair dans mes affaires".

 

       Puis Saint Paul cite son "frère" Epaphrodite, avec des détails sur sa vie et sa santé (Philippiens 2, 25-30):
"J'ai cru nécessaire de vous renvoyer Epaphrodite, mon frère, collaborateur et compagnon d'armes, que vous aviez délégué près de moi pour subvenir à mes besoins: il avait un tel désir de vous revoir tous, et il se tourmentait de ce que vous aviez appris sa maladie. De fait, il a été malade et bien près de la mort; mais Dieu a eu pitié de lui, et non de lui seulement, mais encore de moi, pour que je n'aie pas tristesse sur tristesse. Je m'empresse donc de vous le renvoyer, afin que sa vue vous remette en joie et que de mon côté j'aie moins de peine. Accueillez-le donc dans le Seigneur en toute joie, et honorez de tels hommes; car c'est pour l'œuvre du Christ qu'il a frôlé la mort, risquant sa vie pour vous suppléer dans le service que vous ne pouviez me rendre vous-mêmes".
Saint Paul exprime ensuite ses souhaits concernant certains de ses collaborateurs (Philippiens 4, 2-3):
       "J'invite Evodie et j'invite Syntyché à vivre en bonne intelligence dans le Seigneur. Et toi, de ton côté, mon vrai compagnon, je t'en prie, viens-leur en aide; car elles m'ont secondé dans la lutte pour l'Evangile ainsi que Clément et mes autres collaborateurs, dont les noms figurent au Livre de Vie".
       A la fin de l'Epître, il y a une indication sur la présence d'une commission qui aide "les saints" et Paul lui-même (Philippiens 4, 18-19):
       "J'ai maintenant tout ce qu'il faut et au delà. Je suis comblé, depuis qu'Epaphrodite m'a remis votre offrande, parfum odorant, sacrifice agréable et qui plaît à Dieu. Et mon Dieu comblera tous vos besoin selon sa richesse, avec magnificence, dans le Christ Jésus".
       L'Epître se termine par des salutations de la part des coopérateurs de l'Apôtre (Philippiens 4, 21-22):
       "Saluez chacun des saints dans le Christ Jésus. Les frères qui sont avec moi vous saluent Tous les saints vous saluent, spécialement ceux de la maison de César".


Epître aux Colossiens

       Comme celle aux Philippiens, cette Epître commence par le salut de Paul et de son "frère" Timothée (Colossiens 1, 1). Un peu plus loin, Paul mentionne un autre coopérateur qui a instruit les Colossiens, "Epaphras, notre bien-aimé compagnon de service.Il est pour vous un fidèle ministre du Christ, et c'est lui encore qui qui nous a fait connaître la charité que vous inspire l'Esprit" (Colossiens 1, 7-8).
       L'Epître se termine par les salutations et les mentions de ceux qui travaillent aux côtés de l'Apôtre, avec des éloges et des témoignages de Paul pour chacun d'eux (Colossiens 4, 7-17):
"Pour ce qui me concerne, Tychique, ce frère bien-aimé qui m'est un fidèle assistant et un compagnon de service dans le Seigneur, vous mettra au courant de tout. Je vous l'envoie tout exprès pour vous donner de nos nouvelles et consoler vos cœurs. Je lui adjoins Onésime, le fidèle et bien-aimé frère, qui est des vôtres. Ils vous mettront au courant de tout ce qui se passe ici.
       "Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue; Marc aussi, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions; s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil. Jésus aussi, surnommé Justus, vous salue. De tous ceux qui sont issus de la circoncision, ce sont les seuls qui travaillent avec moi pour le Royaume de Dieu; ils m'ont été une consolation.
       "Vous avez le salut de votre compatriote Epaphras, ce serviteur du Christ Jésus qui ne cesse de lutter pour vous dans ses prières, afin que vous demeuriez fermes dans la perfection et dans un complet attachement à toutes les volontés divines. Oui, je lui en rends témoignage: il se donne bien de la peine pour vous, ainsi que pour ceux de Laodicée, et d'Hiérapolis. Recevez aussi le salut de notre cher médecin Luc et de Démas.

 

       "Saluez les frères de Laodicée, spécialement Nymphas et l'Eglise qui se réunit chez lui. Et quand cette lettre aura été lue chez vous, faites qu'on la lise aussi dans l'Eglise des Laodicéens. De votre côté, procurez-vous, pour la lire, celle de Laodicée. Et dites à Archippe: Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur, et veille à le bien remplir".

 

Première Epître aux Thessaloniciens

       Cette Epître commence par le salut, outre celui de Paul et de Timothée, aussi de Silvain, un autre coopérateur de l'Apôtre (I Thessaloniciens 1, 1). Quant à Timothée, il est tout spécialement mentionné au chapitre 3, quand Paul l'envoie d'Athènes à Thessalonique (I Thessaloniciens 3, 1-3 et 6):
       "Aussi, n'y tenant plus, nous avons décidé de rester seuls à Athènes, et nous avons envoyé Timothée, notre frère et collaborateur de Dieu dans l'Evangile du Christ, avec mission de vous affermir et encourager dans votre foi, pour que nul ne se laisse ébranler parmi ces tribulations. Vous savez bien vous-mêmes que tel est notre lot. (…) Mais voici que Timothée vient de nous arriver de chez vous avec de bonnes nouvelles de votre foi et de votre charité, ainsi que du bon souvenir que vous gardez toujours de nous, ayant de nous revoir le même ardent désir que nous à votre égard".
Dans cette Epître, il y a encore la mention d'une commission qui travaille à Thessalonique pour les affaires matérielles et pour la direction spirituelle (I Thessaloniciens 5, 12-13):
"Nous vous demandons, frères, d'avoir des égards pour ceux qui parmi vous sont à la peine, qui vous guident dans le Seigneur et qui vous reprennent. Témoignez-leur une extrême charité, en raison de leur labeur. Vivez en paix entre vous".

 

Deuxième Epître aux Thessaloniciens

       Cette Epître commence, comme la première aux Thessaloniciens, par le salut de "Paul, Silvain et Timothée".

 

Première Epître à Timothée

       Cette Epître, que Saint Paul adresse à celui qu'il appelle "mon vrai fils en la foi" (I Timothée 1, 1), contient toute une série d'orientations et de conseils. Saint Paul a pleine confiance en Timothée et lui donne des responsabilités diverses pour le service de la communauté dans tous ses différents groupes.

 

Deuxième Epître à Timothée

       Dans cette Epître, qu'il adresse à celui qu'il appelle "mon fils bien-aimé" (II Timothée 1, 1) et "mon enfant" (II Timothée 2, 1), Saint Paul loue Timothée pour sa foi, ainsi que pour celle de sa grand'mère Loïs et de sa mère Eunice (II Timothée 1, 5); il exprime son grand désir de le revoir (II Timothée 1, 4) et l'assure de ses prières (II Timothée 1, 3).
       Plus loin, Saint Paul mentionne avec une profonde reconnaissance son disciple Onésiphore (II Timothée 1, 16-18):
       "Que le Seigneur fasse miséricorde à la maison d'Onésiphore, car il m'a maintes fois réconforté et n'a pas rougi de mes chaînes. Bien au contraire, dès son arrivée à Rome, il m'a cherché avec ardeur et m'a découvert. Que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là. Quant aux services qu'il m'a rendus à Ephèse, tu les connais mieux que personne".
       Saint Paul demande à Timothée d'organiser la coordination du travail apostolique (II Timothée 2, 1-2):

 

       "Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce du Christ Jésus. Ce que tu as appris de moi, en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes sûrs, capables d'en instruire d'autres à leur tour".
       Au chapitre 4, Saint Paul fait mention de plusieurs de ses coopérateurs en décrivant leur situation et en leur adressant de nouvelles recommandations (II Timothée 4, 9-13):
       "Hâte-toi de me rejoindre au plus tôt, car Démas m'a abandonné par amour du monde présent et est parti pour Thessalonique. Crescens est allé en Galatie, Tite en Dalmatie. Seul, Luc est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est fort utile pour le ministère. J'ai envoyé Tychique à Ephèse. En venant, apporte le manteau que j'ai laissé à Troas, chez Carpus, ainsi que les livres, les parchemins surtout".
       Enfin, Saint Paul adresse et transmet des salutations (II Timothée 4, 19-21):
       "Salue Prisca et Aquilas, ainsi que la famille d'Onésiphore. Eraste est resté à Corinthe. J'ai laissé Trophime malade à Milet. Hâte-toi de venir avant l'hiver. Tu as le salut d'Eubule, Pudens, Lin, Claudie et de tous les frères".

 

Epître à Tite

       Dans cette Epître, Saint Paul appelle son destinataire "Tite, mon fils dans notre commune foi" (Tite 1, 4).
       A la fin de l'Epître, Saint Paul fait mention de certains de ses collaborateurs (Tite 3, 12-13):
       "Lorsque je t'aurai envoyé Artémas ou Tychique, hâte-toi de me rejoindre à Nicopolis, car c'est là que j'ai décidé de passer l'hiver. Prends toutes dispositions pour le voyage du juriste Zénas et d'Apollos, afin que rien ne leur manque".

 

Epître à Philémon

      Dans cette Epître, il y a tout un groupe de noms de collaborateurs de Saint Paul (Philémon 1, 1-7):
       "Paul, prisonnier du Christ Jésus, et Timothée notre frère, à Philémon notre bien-aimé collaborateur, à notre sœur Appia, à notre frère d'armes Archippe et à l'Eglise qui se réunit chez toi; grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésis-Christ!
       "Je rends sans cesse grâces à mon Dieu en faisant mention de toi dans mes prières; car j'entends parler de la charité et de la foi dont tu fais preuve envers le Seigneur Jésus et à l'égard de tous les saints. Puisse la foi que tu as en partage se montrer agisssante et te faire connaître tout le bien qu'il est en notre pouvoir d'accomplir pour le Christ! De fait, j'ai eu grande joie et consolation de ta charité; car le cœur des saints a été soulagé par toi, mon frère".
       Saint Paul demande ensuite à Philémon de recevoir Onésime (Philémon 1, 10-19):
"Je te prie pour mon enfant que j'ai engendré dans les chaînes, cet Onésime qui jadis ne te fut guère utile, mais qui désormais te sera utile, à toi comme à moi.
       "Je te le renvoie, lui, c'est-à-dire mon propre cœur. Volontiers je l'aurais gardé près de moi, pour qu'il me servît en ton nom dans les chaînes que me vaut l'Evangile, mais je n'ai rien voulu faire sans ton agrément: ton bienfait ne doit pas être comme imposé, mais volontaire.
       "Et peut-être n'a-t-il été un instant séparé de toi qu'afin que tu le recouvres à jamais, non plus comme un esclave, mais bien mieux qu'un esclave, comme un frère bien-aimé. Il l'est tout à fait pour moi; combien plus le sera-t-il pour toi, et selon le monde et selon le Seigneur! Si donc tu me tiens pour un ami, accueille-le comme si c'était moi.

 

       "Et s'il t'a fait quelque tort ou te doit quelque chose, porte-le à mon compte; moi, Paul, je l'écris de ma propre main: c'est moi qui paierai. Je ne veux pas te rappeler que tu es, toi aussi, mon débiteur, et de toute ta personne".
A la fin, Saint Paul  transmet les salutations de ceux qui travaillent avec lui (Philémon 1, 23-24):
"Tu as le salut d'Epaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs".

 

Epître aux Hébreux

       A la fin de cette Epître, Saint Paul fait mention des chefs des chrétiens hébreux (Hébreux 13, 7 et 17) et signale la libération de Timothée (Hébreux 13, 23-24):
"Sachez que notre frère Timothée a été mis en liberté. S'il arrive à temps, j'irai vous voir avec lui. Saluez tous vos chefs et tous les saints. Ceux d'Italie vous saluent".

 

Attributs et responsabilités des coopérateurs de Saint Paul

       Saint Paul applique à ses coopérateurs de beaux titres avec des expressions touchantes et affectueuses, et il leur donne des responsabilités bien déterminées, avec des orientations précises, souvent dures et exigeantes.
       Dans les Epîtres, ces coopérateurs sont "frères", "chers", "sœurs", "parents", "collaborateurs dans le Christ Jésus", "bien-aimé(e)s", "prémices" de ceux qui sont ressuscités dans le Christ et élus par le Christ, surtout dans l'Epître aux Romains (16, 1-16). Ils donnent l'hospitalité, sont scribes des lettres de l'Apôtre, participent à la prédication de l'Evangile, sont collaborateurs de la grâce.

       Ils sont la joie et la couronne de l'Apôtre; ils sont envoyés de sa part, serviteurs fidèles, esclaves de Dieu avec Paul, lutteurs pour l'Evangile, ouvriers de la prédication du Royaume, zélés dans le service.
Les responsabilités qui leur sont données sont apostoliques, spirituelles, matérielles, concernant les orientations, les fondations et l'organisation. Parmi eux, il y a ceux qui font le service de l'hospitalité envers Paul et envers ses compagnons; il y a ceux qui mettent une école à sa disposition; il y a ceux qui prêchent, qui expliquent la nouvelle voie fondée sur les enseignements de l'Evangile; ceux qui guident les nouveaux groupes de fidèles; ceux qui président les célébrations liturgiques; ceux qui coordonnent le travail des commissions pour recueillir et distribuer les aides aux fidèles de Jérusalem; ceux qui désignent les prêtres; ceux qui portent les lettres, les messages et les nouvelles de la vie de l'Eglise; ceux à qui Paul demande de consoler ceux qui sont souffrants ou persécutés et de renforcer leur foi.
Ainsi, Saint Paul a recours à ses collaborateurs; à ceux qui sont nouveaux dans la voie de l'Evangile, il demande de l'aider à porter le message. C'est lui qui a dit: "Malheur à moi si je ne prêchais pas l'Evangile" (I Corinthiens 9, 16). C'est lui aussi qui a dit à son disciple Timothée: "Proclame la Parole, insiste à temps et à contre-temps" (II Timothée 4, 2). Paul voulait que chaque baptisé soit à côté de lui un prédicateur, lui adressant la même recommandation qu'à son disciple Timothée. Cela explique le fait que l'on trouve un si grand nombre de coopérateurs à côté de Paul dans toutes ses missions et ses randonnées apostoliques, de sorte qu'il n'y a aucune Epître où il n'y ait pas mention de ces coopérateurs de l'Apôtre; il n'y a pas une ville où Paul ait prêché et où il n'ait pas laissé des coopérateurs ou fondé des commissions destinées à continuer l'œuvre de Jésus et de l'Evangile.

 

       Il est vraiment remarquable de constater le grand nombre de coopérateurs autour de Paul, à qui il donne des responsabilités apostoliques, sacramentelles et d'organisation très différenciées.

 

Les laïcs selon Vatican II

       Dans le décret Apostolicam actuositatem sur l'apostolat des laïcs, du 18 novembre 1965, le Concile Vatican II fait plusieurs allusions aux coopérateurs de Saint Paul cités dans les Actes des Apôtres et les Epîtres, et considère que la mission des laïcs dans l'Eglise est fondée sur leur vocation chrétienne et sur leur baptême. Cette mission se rapporte aux différents secteurs de la vie. Saint Paul a déjà décrit ces différents secteurs dans ses Epîtres, comme on l'a vu ci-dessus.
Cela a été souligné dans le décret de Vatican II. En effet, il n'y a pas un des seize documents du Concile qui, d'une manière ou d'une autre, ne fasse pas allusion à l'importance de la vocation des laïcs dans l'Eglise et dans la société.
Le décret conciliaire sur les laïcs dit textuellement (numéros 2 et 3):
"Il y a dans l'Eglise diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux Apôtres et à leurs successeurs la charge d'enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son pouvoir. Mais les laïcs, rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ, assument, dans l'Eglise et dans le monde, leur part dans ce qui est la mission du peuple de Dieu tout entier. Ils exercent concrètement leur apostolat en se dépensant à l'évangélisation et à la sanctification des hommes; il en est de même quand ils s'efforcent de pénétrer l'ordre temporel d'esprit évangélique et travaillent à son progrès de telle manière que, en ce domaine, leur action rende clairement témoignage au Christ et serve au salut des hommes. (…)

 

"L'apostolat se vit dans la foi, l'espérance et la charité que le Saint Esprit répand dans les cœurs de tous les membres de l'Eglise".
       Plus loin, le décret conciliaire indique, en ce qui concerne la famille (n? 11):
       "Les époux chrétiens sont l'un pour l'autre, pour leurs enfants et les autres membres de leur famille, les coopérateurs de la grâce et les témoins de la foi. Ils sont les premiers à transmettre la foi à leurs enfants et à en être auprès d'eux les éducateurs. Ils les forment par la parole et l'exemple à une vie chrétienne et apostolique; ils les aident avec sagesse dans le choix de leur vocation et favorisent de leur mieux une vocation sacrée s'ils la découvrent en eux. (…) Cette mission d'être la cellule première et vitale de la société, la famille elle-même l'a reçue de Dieu. Elle la remplira si par la piété et la prière faite à Dieu en commun elle se présente comme un sanctuaire de l'Eglise à la maison".
       Ainsi les laïcs, surtout dans l'ambiance de la famille croyante, deviennent témoins de l'Evangile et du Christ. De fait, chaque fidèle est un apôtre.
Ce document conciliaire sur les Christifideles contient la charte de la vocation des fidèles dans l'Eglise sur les pas de Saint Paul.
En effet, les fidèles laïcs sont dans une relation continuelle avec le monde, avec la société, avec la réalité quotidienne sociale, politique, morale, économique et écologique. Ce sont eux qui mettent en pratique la mission de Jésus, les valeurs de l'Evangile et qui les vivent dans la réalité quotidienne de leur société.
Le droit canon souligne l'importance de la mission des laïcs au canon 381 § 3 du Code des Canons des Eglises Orientales (CCEO):

 

       "Les clercs reconnaîtront et promouvront la dignité des laïcs et le rôle particulier qu'ils ont dans la mission de l'Eglise, surtout en approuvant les charismes multiformes des laïcs et en utilisant leur compétence et leur expérience pour le bien de l'Eglise spécialement selon les modalités prévues par le droit".

 

La mission des laïcs dans notre Eglise

       Après Vatican II, la mission des laïcs s'est développée et de nombreux mouvements apostoliques ont été rénovés, qui se rapportent aux différents secteurs de la vie de l'Eglise. Ce fut le cas des anciennes confréries, qui existaient depuis longtemps dans notre Eglise, surtout celles de Notre-Dame de l'Annonciation, fondées par le Patriarche Maximos III (Mazloum) et par le Patriarche Grégoire II (Youssef-Sayyour), et des mouvements de jeunesse ouvrière (J.O.C.) et étudiante (J.E.C.), venus de l'Occident mais adaptés à la spiritualité orientale, surtout liturgique. Grâce à Dieu, il y a un bon nombre de ces activités dans le cadre de nos éparchies, de nos paroisses et de nos congrégations religieuses masculines et féminines. Ces mouvements sont de vraies écoles de foi et de vie spirituelle pour les jeunes; ce sont des piliers de la vie paroissiale et de toutes les activités liturgiques, spirituelles, pastorales, sociales et de bienfaisance. Il faut noter que, parmi les personnes engagées dans ces mouvements, il y a eu des vocations à la vie religieuse consacrée et au sacerdoce. Nous avons fait mention d'un bon nombre de ces mouvements dans l'Assemblée de l'Eparchie patriarcale de Damas en l'an 2003, et dans l'Assemblée Patriarcale tenue à Raboué en 2007; on a pu noter une centaine de ces mouvements.
Nous voudrions recommander ici et encourager avec beaucoup d'enthousiasme les différentes activités de ces confréries et de ces mouvements dans nos éparchies et dans nos paroisses.


       Imitant ainsi le grand Apôtre Paul en ce qui concerne la mission des laïcs dans l'Eglise, nous appelons les laïcs de nos paroisses à nous aider dans notre travail pastoral, à côté des prêtres et des personnes consacrées, religieuses et autres, en nous orientant sur les besoins de tous les fidèles.
      Il est très important de former dans chaque paroisse, à travers ces activités, des cadres laïcs qui puissent porter les valeurs de l'Evangile dans notre société, qui soient le levain et le sel dans la pâte de cette société.

 

Collaborateurs et associés

       Nous nous adressons aux pasteurs de nos Eglises, Evêques et prêtres, qui peuvent écrire, dans le détail, sur les relations de chacun d'eux avec ses collaborateurs dans son service pastoral. Nous les exhortons à intensifier leurs relations avec tous les fidèles de leurs communautés respectives, à réunir autour d'eux des collaborateurs zélés et enthousiastes qui portent avec eux et à côté d'eux, sous leur direction, le fardeau de l'apostolat et du message, et qui organisent les différents services dont le ministère pastoral a besoin.
Nous demandons à Dieu, par l'intercession de Saint Paul, qu'il y ait dans notre Eglise des relations, semblables à celles de l'Apôtre avec ses coopérateurs, entre le prêtre et tous ses fidèles.
A l'exemple de Saint Paul, le pasteur doit être père, directeur, guide, éducateur et orienteur, mais aussi frère, ami, vigilant et proche, tout en conservant une distance qui lui permette d'accomplir son rôle spirituel et pastoral. Le pasteur doit s'appuyer sur les laïcs, leur donner des rôles bien déterminés, en restant toujours celui qui oriente, qui dirige, qui ajuste la marche, qui est le compagnon vigilant. Il faut qu'il porte la pensée du Christ, ses enseignements et son amour aux fils et aux filles de sa communauté, surtout à ses collaborateurs, qui sont ses associés.


       Que cette relation soit inspirée aussi par le salut liturgique qui est échangé par les concélébrants (et par les fidèles entre eux): "Le Christ est parmi nous. Il l'est et le sera toujours". Inspirons-nous aussi de cette demande finale de la litanie diaconale: "Confions-nous nous-mêmes, confions-nous les uns les autres, confions toute notre vie au Christ notre Dieu".
       Saint Paul donne des orientations à ses coopérateurs dans les deux Epîtres à Timothée et dans celle à Tite, sur le comportement à l'égard des fidèles, surtout de ceux qui collaborent au travail pastoral.

 

Appel

       Nous nous adressons à nos enfants, dans toutes les éparchies et les paroisses de l'Eglise Grecque-Melkite Catholique, et nous les invitons à écouter l'appel de Jésus, de Saint Paul, de leurs pasteurs et de leurs pères spirituels, en leur demandant d'être généreux dans le service et le travail volontaires à côté du prêtre et sous sa direction et ses orientations.
Nous leur disons: Jésus a besoin de vous! Paul vous appelle, comme il a appelé les fidèles des premières communautés chrétiennes. L'Eglise vous appelle. Votre Patriarche, vos Evêques et tous vos pasteurs ont besoin de vous.
Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de collaborateurs, de laïcs qui soient fidèles, zélés, courageux, actifs, forts, qui aient des capacités supérieures, que ce soit dans le monde des affaires, dans le monde politique ou dans le monde universitaire, qui aient de l'influence dans la société, qui soient  prudents, sages, dévoués et désintéressés, qui aient de l'expérience et qui soient, comme dit le Psalmiste, des "flèches dans la main du guerrier" (Psaume 127, 4).

Nous, les pasteurs, nous avons besoin de vous, les fidèles laïcs. Vous êtes nos apôtres et les apôtres de Jésus pour le monde. C'est vous qui, vraiment, construisez la communauté, c'est vous qui portez les enseignements de Jésus, des Apôtres, des Saints, des moines, leurs orientations et leur prédication au monde, à votre société, à vos compagnons de travail, à vos concitoyens (qu'ils soient vos coreligionnaires ou non).
Saint Paul a dit: "Nous sommes les ambassadeurs du Christ". Et nous vous disons: Vous êtes les ambassadeurs du Christ, nos ambassadeurs en tant que serviteurs du Christ; nous vous confions la mission de porter l'Evangile à votre monde.
En écrivant cette lettre, je me suis rappelé un récit concernant la grande abbaye bénédictine du Mont-Cassin, au sud de Rome, pendant la seconde guerre mondiale. Il y eut dans l'abbaye, alors vide de ses moines, une très forte résistance que les Alliés n'arrivaient pas à détruire; à un moment donné, les canons se sont tus, les soldats ont empoigné l'arme blanche et la lutte est devenue une guerre de personne à personne, d'une pièce à l'autre du monastère. Un écrivain a donné la synthèse de ce combat acharné et cruel en ces termes: "Les grands combats sont gagnés par les petits soldats". Nous aussi, nous avons besoin de chaque chrétien, de chaque croyant, de chaque personne convaincue, courageuse et enthousiaste; le monde a besoin des enfants de la foi.
Je me suis souvenu aussi d'une autre histoire. En juillet 1987, j'ai participé à la grande festivité annuelle des catholiques allemands (Katholikentag) à Dresde, ville qui avait été entièrement détruite à la fin de la seconde guerre mondiale. Après une grande célébration au bord de l'Elbe, qui avait duré jusqu'à minuit, je me dirigeais seul vers mon hôtel; chemin faisant, j'ai rencontré un groupe de jeunes, assis par terre, qui chantaient à pleine voix; la mission de Jésus a besoin de l'enthousiasme et de la véhémence.

 

       Nous avons besoin des jeunes, de ceux qui sont toujours jeunes dans l'amour du Christ, dans leur zèle pour propager les saints enseignements et montrer l'amour de Dieu pour les hommes.

 

Vous serez mes témoins

       Jésus nous confie son apostolat, sa mission. Saint Paul nous appelle aujourd'hui, en cette clôture de la célébration de sa naissance à Tarse, comme il a appelé autrefois ses nombreux coopérateurs, afin de continuer la mission de Jésus ressuscité d'entre les morts. Jésus nous appelle et confie à chacun de nous la même mission qu'Il a confiée à Paul sur la route de Damas, en ordonnant à Saint Ananie, premier Evêque de Damas, de baptiser Saül le persécuteur, qui va se transformer en Paul et sera l'instrument choisi par Dieu (Actes 9, 15-15):
       "Cet homme est l'instrument que j'ai choisi pour porter mon Nom devant les païens, les rois et les enfants d'Israël. Je lui apprendrai, moi, tout ce qu'il doit endurer pour mon Nom".
       Chers frères et sœurs, chers amis, Saint Paul nous recommande ses Epîtres, comme il l'a fait dans les cœurs, les âmes et les consciences des fidèles des premières communautés chrétiennes, afin que son enseignement reste dans notre cœur. Il nous adresse la parole comme il l'a fait aux fidèles de Corinthe en leur écrivant (II Corinthiens 3, 2-3):
"Notre lettre, c'est vous, une lettre écrite en nos cœurs, commue et lue par tous les hommes. Oui, vous êtes manifestement une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs".

 

       Avec l'Apôtre, nous nous adressons à vous, à la fin de cette Année de Saint Paul et en conclusion de nos lettres spirituelles, dans lesquelles nous avons découvert la théologie de Saint Paul, en qui était le cœur de Jésus, comme l'a dit Saint Jean Chrysostome. Toujours avec l'Apôtre, nous vous disons (Philippiens 4, 7-9):
       "La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus.
       "Enfin, frères, tout ce qu'il y a de vrai, de digne, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qui est vertu et qui mérite éloge, portez-le à votre actif. Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et vu en moi, mettez-le en pratique, et le Dieu de paix sera avec vous".
       Et aussi (II Corinthiens 13, 12-13):
"Saluez-vous mutuellement d'un saint baiser. Tous les saints vous saluent. La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous!"
      Et enfin (I Corinthiens 16, 21-24):
"La salutation est de ma main, à moi, Paul. Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème! Maran atha. La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous! Je vous aime tous dans le Christ Jésus".

 

       Avec mon affection et ma bénédiction.

 

                                       + Gregorios III
Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
d'Alexandrie et de Jérusalem
Damas, le 29 juin 2009.