Patriarche Youssef

Visite en Ukraine à l'occasion de l'intronisation de S.B. Sviatoslav 2011

27 3 2011




 

Visite de Sa Béatitude Gregorios III,
A la tête d’une délégation de l’Eglise Grecque-Melkite Catholique en Ukraine
A l’occasion de l’intronisation de S.B. Sviatoslav
nouveau primat de l’Eglise Grecque Catholique d’Ukraine


27-28 Mars 2011

 

A l’aube de Samedi 27 Mars 2011, S.B. Gregorios III quitte l’aéroport de Beyrouth pour Kiev, via Paris, accompagné de L.L. E.E. Kyr Jean Haddad métropolite émérite de Tyr, Kyr Mikhael Abrass archevêque titulaire de Myre – auxiliaire patriarcal et du T.R.P. Ikonomos Elias Chataoui économe patriarcal général. Sa Béatitude et la délégation l’accompagnant se rendant en Ukraine pour l’intronisation du nouvel Archevêque Majeur de l’Eglise Grecque Catholique d’Ukraine S.B. le patriarche Sviatoslav (Tchevtchuk) qui succède à S.B. éminentissime le patriarche Lubomyr (Husar) qui a démissionné de sa charge patriarcale pour des raisons de santé.

Arrivés à l’aéroport de Kiev samedi midi, Sa Béatitude et la délégation furent surpris – et profondément touchés - par la présence de S.B. Lubomyr qui, malgré sa cécité, a tenu à accueillir personnellement notre patriarche. Etaient présents notamment S.E. M. Youssef Sadaka ambassadeur de Liban, M. Akram Halabi, membre du Conseil supérieur grec-melkite catholique au Liban, et le révérend Diacre Volodymyr Malchyn, vice-chancelier de la curie patriarcale, qui nous a accompagné tout au long de notre visite.

A l’issue de la cérémonie d’accueil la délégation melkite est reçue à un déjeuner fraternel chez S.B. Lubomyr avant d’être conduite en son lieu de résidence mis à sa disposition par M. Akram Halabi.

Samedi soir, Gregorios III et la délégation ont pu découvrir le joyau architectural de Kiev ; l’admirable Eglise de la sagesse divine (Aghia Sophia) XIe siècle et du palais métropolitain adjacent avant d’être reçu par S.E. M. Sadaka, ambassadeur du Liban, à un banquet au restaurant Koriphéa en l’honneur de Sa Béatitude. Etaient présents, outre la délégation patriarcale, l’ambassadeur de Syrie, S.E. M. Mohamed Akil, trois éparques de l’Eglise Ukrainienne au Canada et aux Etats-Unis et M. Riad Ibrahim (Libanais Grec-Orthodoxe du Koura) propriétaire du restaurant.

Le dimanche 27 mars 2011, 3eme dimanche du Carême et vénération de la Sainte Glorieuse et Vivifiante Croix, fut un jour historique pour l’Eglise Grecque Catholique d’Ukraine.
La cérémonie débute à 10h du matin par une procession de 250 prêtres, de 60 évêques, de notre patriarche et du patriarche élu entouré de diacres, qui se dirige vers la cathédrale inachevée de la Résurrection dont les cinq coupoles dorées reflètent les rayons d’un soleil réchauffant les 2000 fidèles présents.

La Divine Liturgie présidée par le primat élu, qui a duré 4 heures, a commencé par le service d’intronisation du nouveau patriarche à qui des éparques ont remis successivement l’Omophorion patriarcal (avec 5 galons), l’engolpion de la Panaghia, la mitre, le Ravdhos (baton pastoral en forme de T) et les dhikirotrikira avec lesquelles S.B. Sviatoslav bénit les 4 points cardinaux. Cette liturgie, ses chants slavons, la voix grave et forte du protodiacre, les profondes prosternations des fidèles nous ont transportés hors du temps. Vers la liturgie céleste.

Mais ce qui nous a profondément touchés c’est ce grand respect que portent les Ukrainiens à notre Eglise en général et à notre patriarche en particulier qui fut - et traité comme - l’invité d’honneur de cette cérémonie grandiose. Ce respect s’est traduit par le « fait mémoire » de notre patriarche dans les litanies que se soit par le diacre ou l’archevêque majeur lui-même.


Après la Divine Liturgie, Sa Béatitude et la délégation l’accompagnant ont été reçus au déjeuner en l’honneur du nouveau patriarche. Gregorios III a alors présenté à son homologue ukrainien un Epitrakhilion (étole) et un Omophorion brodés exécutés par sœur Photine moniale orthodoxe du couvent de la Présentation de Notre Dame d’Ashrafieh (Beyrouth).

Après le déjeuner une visite guidée de la Grande Laure - monastère troglodyte -  berceau de la spiritualité des « Rus » nous a été offerte. Nous avons pu y vénérer les corps intacts depuis près de 1000 ans des saints moines pionniers de la vie monastique dans cette terre sainte.

Un Oratorio de Haydn autour des « Sept paroles du Christ sur la croix  et un diner ont clôturé les festivités de ce grand jour.
Lundi 28 mars à 9h30, SB Gregorios III et la délégation officielle de l’Eglise Grecque-Melkite Catholique, sont reçus officiellement par le Saint Synode de l’Eglise Catholique d’Ukraine en session de clôture.
La parole fut donnée à S.B. Gregorios III qui s’est alors adressé en termes émouvants aux évêques qui l’ont salué d’une longue minute d’applaudissements. Les deux patriarches ont échangé les cadeaux symboliques, un Antimension – signe de communion- de la part de notre patriarche et des œufs de pâques merveilleusement décorés de la part de S.B. Sviatoslav.

A l’aéroport l’ambassadeur du Liban, S.E. M. Sadaka, salue Gregorios III et la délégation leur souhaitant un bon voyage de retour. A12h30 notre avion quitte cette terre sanctifiée par le sang d’une multitude de martyrs anciens et nouveaux et nous emportons le souvenir de cette sainte Eglise dans l’espérance d’une collaboration fraternelle entre les deux Eglises.

 

T.R.P. Elias Chataoui
Ikonomos



 

L’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne: son histoire

 

L’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne est, par la taille, la deuxième Eglise en Ukraine avec près de 9% de la population.
Selon les données statistiques du Comité d’Etat d’Ukraine sur les questions des Nationalités et des Religions, aujourd’hui cette Eglise dispose 106 monastère habités par 1250 moines et moniales. A part, elle a 15 institutions éducatives et 1163 écoles de dimanche.
Avec plus de 5,5 millions de fidèles l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne est la plus grande Eglise Catholique Orientale dans le monde. En Ukraine, elle est surtout implantée dans l’Ouest, mais ses communautés aussi existent dans les différents pays sur 6 continents.
L’Ukraine, à la suite d’accords avec Byzance, adopta officiellement le christianisme en 988 et fut évangélisée par des missionnaires orthodoxes. Son clergé dépendait intégralement du Patriarcat de Constantinople. Aux XIIe-XIIIe siècles, les territoires occidentaux de l’Ukraine actuelle furent annexé par le royaume Polono-Lituanien de religion catholique. C’est dans ce contexte que la hiérarchie ecclésiastique ukrainienne décida dans sa majorité de s’unir avec Rome et que fut signé en 1596 l’accord de Brest-Litovsk instituant l’Eglise Grecque-Catholique et ses particularités.
A partir du XVIIIe siècle, les autorités tsaristes eurent une attitude hostile envers les uniates et l’Eglise Grecque-Catholique sur le territoire qu’ils administraient. L’Eglise fut formellement interdite au XIXe siècle. A l’opposé, les uniates qui vivaient au sein de l’Empire Austro-hongrois, puis, après la Première Guerre mondiale, en Pologne, ne furent pas inquiétés.
En 1945 tous les évêques  de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne avec le Métropolite Yosyph Slipyj à leur tête sont persécutés par la police soviétique. Le Pseudo-Synode de Lviv a été convoqué le 8-10 mars 1946 à Lviv « à l’initiative » d’un groupe de trois prêtres – Havryl Kostelnyk, Mykhajlo Melnyk et Yossyp Pelvetsky qui, juste avant le synode, sont « passés » au sein de l’Eglise Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou). Ils représentaient trois éparchies de la Métropole de Galicie – celles de Lviv, de Peremyshl (aujourd’hui en Pologne) et de Stanislav (rebaptisé en 1962 Ivano-Frankivsk). Le « groupe d’initiative » a ensuite été confirmé par le Conseil des commissaires du peuple de l’URSS comme « organe écclésio-administratif temporaire de l’Eglise Grecque-Catholique » dans le but de son « unification » avec l’Eglise Orthodoxe Russe. Le Pseudo-Synode auquel la plupart des prêtres  furent contraints de participer s’est prononcé « pour la liquidation de l’Union de Brest, datant de 1596, la rupture des relations avec le Vatican et l’unification avec l’Eglise Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou) ». En mars 1946 tous les évêques de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne furent condamnés à la prison à long terme ou à l’exil.
Les représentants de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne sont d’avis que ce synode ne fut pas canonique puisque ses décisions transgressaient les canons ecclésiaux, que les membres du groupe d’initiative s’étaient « convertis » à l’orthodoxie, et que les délégués du synode avaient subi une très forte pression de la part du pouvoir soviétique. Après la liquidation de facto de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne en Union Soviétique, l’Eglise a poursuivi son activité à l’étranger, au sein de la diaspora ukrainienne, tandis que plusieurs prêtres en Ukraine ont continué leur service dans la clandestinité. Les résultats du Pseudo-Synode de Lviv ont été annulés en 1989-1990, après que l’EGCU soit sortie de la clandestinité.
Avec le début de la perestroika, l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne a commencé à émerger de la clandestinité. De nombreuses attaques des autorités et la polémique difficile de l’Eglise Orthodoxe – laquelle entre 1989 et 1992 a été  divisé d’abord en deux, et ensuite en trois juridictions – n’a pas empêché l’adhésion spontanée de la majorité des ukrainiens de l’Ouest à l’Eglise Grecque-Catholique. Lorsque d’impressionnantes démonstrations ont montré que le mouvement pour la légalisation de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne ne pouvait pas être  éradiqué, fin novembre 1989 les autorités soviétiques ont reconnu l’existence des communautés grecque-catholiques. Dans les mois suivants, des centaines de paroisses et de prêtres orthodoxes ont déclaré leur passage à l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne dans les territoires de sa présence traditionnelle.
La hiérarchie consistant en des dizaines d’évêques secrètement ordonnés a immédiatement renouvelé son ministère, les institutions de l’Eglise et l’apostolat éducatif, social et culturel. Le dimanche des Rameaux 1991 le chef de l’Eglise, le Cardinal Lubachivs’kyi, revenu d’exil, a réintégré son trône. Cette même année l’indépendance d’Ukraine a été proclamée (le 24 aout) et ratifiée lors d’un impressionnant referendum (le 1er décembre).
Depuis l’indépendance de ce pays en 1991, l’orthodoxie se trouve divisée en trois Eglises parallèles : l’ Eglise  autonome d’Ukraine, largement majoritaire, sous la juridiction du Patriarcat de Moscou, et l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine, Patriarcat de Kiev et l’Eglise Autocéphale Ukrainienne, deux communautés dissidentes favorables à la rupture avec Moscou. Le président Victor Louchtchenko a engagé une série d’initiatives auprès de ces différentes entités ecclésiales, afin de rechercher avec elles la concorde ecclésiale, avec l’aide de l’Eglise-mère, le patriarcat de Constantinople.
En 2005 le siège de l’EGCU a été officiellement transfère de Lviv à Kiev. Actuellement, l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne, dite uniate, une institution particulière qui, tout en conservant sa tradition commune avec les orthodoxes reste dépendante de l’Eglise Romaine. Un mouvement existe au sein de l’Eglise Grecque-Catholique Ukrainienne pour sa reconnaissance par Rome en tant qu’Eglise patriarcale.


http://www.ugcc.org.ua
http://www.ucu.edu.ua/fr/history/ugcc/
http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=167