Patriarche Youssef

Lettre de Sa Béatitude Gregorios III pour la fête de la Nativité

19 12 2013
 

Lettre de Sa Béatitude Gregorios III,
Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem
des Grecs-Melkites Catholiques
 
pour la fête de la Nativité selon la chair de
Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ
25 décembre 2013
 
Réjouis-toi, Marie, qui as montré le Christ Seigneur ami des hommes!
 
Gregorios III, serviteur de Jésus-Christ,
par la grâce de Dieu
Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
d'Alexandrie et de Jérusalem,
 
à Leurs Excellences les Hiérarques
membres du Saint-Synode
et à tous nos fils et toutes nos filles
dans le Christ Jésus, clergé et peuple,
appelés à être saints avec tous ceux qui ont été sanctifiés au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et notre Seigneur,
grâce et paix de par Dieu, notre Père,
et le Seigneur Jésus-Christ
(cf. 1 Corinthiens 1, 1-3)
 
 
 
 
       Ce salut à la Vierge Marie est une expression théologique, existentielle, humaine et divine, excellente, unique et miraculeuse! Une expression merveilleuse pour exprimer l’Incarnation divine et les significations les plus sublimes de la fête de Noël, que nous célébrons chaque année. Année après année, nous découvrons ces significations, qui surpassent l’homme, ou plutôt l’élèvent et le divinisent.

       A ce sujet nous voulons rappeler l’adage théologique, patristique et liturgique bien connu: Dieu s’est fait homme afin que toi, homme, tu deviennes Dieu! C’est ce à quoi se réfèrent nos prières liturgiques. Adam a désiré (ou convoité) être Dieu, mais son espoir a été déçu. Dieu s’est fait homme et a réalisé le premier rêve de l’homme au Paradis, quand le serpent a insinué à Eve et à lui: Vous serez Dieu, connaissant le bien et le mal.

       Voilà, le rêve se réalise à travers notre Mère, la Vierge Marie, qui a fait apparaître Dieu, Ami des hommes.

       Noël est en fait une fête christologique et mariale à la fois. Dans ce salut, chanté (Ikos 9) lors de l’Acathiste, la plus belle hymne mariale, nous trouvons le résumé de Noël. L’Incarnation est le signe de l’amour de Dieu pour l’humanité. Car l’attribut fondamental, universel et unique du Dieu incarné, Jésus-Christ, notre Dieu, Sauveur et Rédempteur, est que Dieu aime l’homme.

        On trouve un correspondant à ce salut marial chez Saint Jean l’Évangéliste : Dieu est charité, Dieu est amour. On lit dans son Évangile : “Dieu en effet a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas, mais possède la vie éternelle” (Jean 3, 16). Jésus l’a affirmé en disant qu’Il est le Bon Pasteur et qu’Il est “venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante” (Jean 10, 10).

 
 
L’amour est le sens le plus sublime de Noël
 
       Les significations profondes de Noël apparaissent dans le discours d’adieu de Jésus avant sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. Nous pouvons considérer ce discours aux disciples comme le résumé de la foi chrétienne.

       D’abord Jésus lave les pieds de ses disciples. Saint Jean présente ce geste en disant: “Sachant que l’heure était venue pour Lui de passer de ce monde au Père, Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout... Jésus se lève de table... et se met à laver les pieds des disciples” (Jean 13, 1 et 4-5).

       Le lavement des pieds est d’abord un geste d’amour avant d’être un geste d’humilité. C’est pour cela que Jésus dit à ses disciples: “Vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres” (Jean 13, 14). Je me rappelle que j’avais écrit dans mes mémoires, immédiatement après mon élection patriarcale, le 29 novembre 2000, que je voulais commencer mon Patriarcat en lavant les pieds de mes frères les Évêques. Mais ceux que j’avais consultés me l’avaient déconseillé.

       Après le lavement des pieds et la sortie de Judas de la salle, Jésus formule son dernier testament à ses disciples, qui est plutôt le premier, et qui est le résumé de son Incarnation, de sa Nativité, et de ses enseignements: “Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. A cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous vous aimez les uns les autres” (Jean 13, 34-35).

       Jésus montre son amour envers ses disciples en les rassurant: “Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une place? Et quand je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai vous prendre auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi” (Jean 14, 2-3). Les disciples de Jésus deviennent ses fils, et c’est pour cela qu’Il s’adresse à eux comme un père: “Je ne vous laisserai pas orphelins; je viendrai à vous” (Jean 14, 18). Il le confirme de nouveau et le répète, déclarant son amour pour ses disciples: “Qui a mes commandements et les observe, c’est celui-là qui m’aime, et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et moi aussi je l’aimerai et me manifesterai à lui” (Jean 14, 21).

       Dans son dernier discours, Jésus rassure ses disciples en affirmant de nouveau son amour envers eux: “Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure” (Jean 14, 23).

       Dans le chapitre 15 de Saint Jean, nous trouvons de nouveau les expressions de l’amour de Jésus envers ses disciples, lorsqu’Il réaffirme son union avec eux, et l’importance de leur union avec Lui, à travers la parabole de la vigne et des sarments: “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés: demeurez en mon amour. Si vous observez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme j’ai moi-même observé les commandements de mon Père et demeure en son amour” (Jean 15, 9-10). De nouveau, Il leur rappelle son testament: “Mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Personne n’a de plus grand amour que celui qui livre sa vie pour ses amis. Vous serez mes amis, si vous faites ce que je vous commande” (Jean 15, 12-14). Et de même: “Je ne vous appelle plus serviteurs, ... je vous ai appelés amis” (Jean 15, 15). Et de nouveau: “Ce que je vous prescris, c’est de vous aimer les uns les autres” (Jean 15, 17).

       Et Jésus de poursuivre son admirable dernier discours à ses disciples avec un accent fraternel et paternel à la fois, comme un ami, un frère, un père aimant. Il leur déclare l’amour du Père envers eux: “Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous; car le Père Lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé” (Jean 16, 26-27). Autant de déclarations d’amour de ce Dieu philanthrope!

       A la fin de son discours, les paroles philanthropes de Jésus se transforment en une ultime prière fervente, dans laquelle Il épanche son âme devant ses disciples avec des sentiments très tendres, aimants et touchants, car Il craint pour eux les persécutions et la détresse dans le monde. Tout se termine par cette demande au Père, qui confirme son amour pour eux: “Je leur ai révélé ton Nom et je le leur révélerai, pour que l’amour dont Tu m’as aimé soit en eux, et moi aussi en eux” (Jean 17, 26).

 
La pastorale dans l’Église est amour
 
       L’Évangile de Saint Jean le Bien-aimé, le disciple que Jésus aimait, est l’Évangile de l’amour et se termine par la demande de Jésus le Philanthrope à Pierre de déclarer son amour envers Lui avant de lui confier la mission de paître son troupeau: la pastorale de l’Église. C’est l’épreuve que Pierre doit subir comme prélude, avant de lui remettre le bâton de pasteur: “Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre: Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? – Oui, Seigneur, répondit-il, Tu sais que je t’aime tendrement. Jésus lui dit: Pais mes agneaux. Il lui dit encore pour la seconde fois: Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? – Oui, Seigneur, Lui répondit-il, Tu sais bien que je t’aime tendrement. Jésus lui dit: Sois le berger de mes brebis. Une troisième fois Il lui dit: Simon, fils de Jean, m’aimes-tu tendrement? Pierre fut peiné de ce que Jésus lui eût dit une troisième fois: M’aimes-tu tendrement? Et il Lui répondit: Seigneur, Tu sais toutes choses; Tu sais bien que je t’aime tendrement. Jésus lui dit: Pais mes brebis” (Jean 21, 15-17).

       Ainsi on voit clairement que le christianisme est fondé en premier et en dernier lieu sur l’amour d’un Dieu philanthrope. L’Église est fondée sur l’amour des hommes, l’amour de l’autre, l’amour de tous les hommes, car ils sont les fils de Dieu et les enfants des hommes. La pastorale, le service et tous les aspects du ministère de l’Église sont fondés sur l’amour. Car l’Incarnation divine, Noël, c’est l’amour de Jésus, le Dieu philanthrope.

       L’Évangéliste Saint Jean le Bien-aimé a expliqué dans ses trois Épîtres la centralité de l’amour, c’est-à-dire le sens de l’Incarnation divine, les attributs, les noms et l’essence de Dieu, en disant: “Dieu est amour” (1 Jean 4, 8 et 16).

       La première Épître de Saint Jean peut être considérée comme une explication de l’enseignement de Jésus, Seigneur et Ami des hommes. Elle est toute pétrie par l’amour, ses expressions, ses conditions, son importance, sa centralité. C’est le nouveau commandement, comme dans l’enseignement de Jésus.

       Saint Jean va jusqu’à écrire: “Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et a de la haine pour son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas” (1 Jean 4, 20). Le mot “amour” et le verbe “aimer” sont répétés 50 fois dans cette Épître.

       Voilà la théologie du christianisme et de l’Église. C’est ce que nous découvrons dans une hymne de la fête de la Dormition de Saint Jean le Théologien (26 septembre): “Merveille qui dépasse notre esprit, affaire concernant les savants: celui qui était plein d’amour fut aussi comblé de théologie, puisqu’avec gloire, honneur et crédit il devint le fondement de notre pure foi” (Grandes Vêpres).

       Je ne parlerai pas ici en détail de l’enseignement de Saint Paul sur l’amour. Dans ses Épîtres, le mot “amour” et le verbe “aimer” reviennent près de soixante-dix fois. Tous et toutes, nous sommes toujours pleins de joie spirituelle en lisant l’hymne à l’amour (à la charité), à la fin de laquelle nous lisons: “La foi, l’espérance et la charité demeurent toutes les trois; mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité” (1 Corinthiens 13, 13).

       J’ai traité en profondeur le thème de l’amour-charité dans ma Lettre de Pâques 2006, portant le titre: “L’Amour est Résurrection”.

       Aujourd’hui, en méditant le mystère de Noël, de l’Incarnation, de la vie de Jésus, de ses enseignements, de ses paraboles, de ses miracles, je découvre de nouveau que le christianisme se résume par l’amour, cet attribut divin et  humain: Dieu, Ami des hommes, qui aime les hommes, philanthrope.
       L’apparition de Dieu est l’apparition de l’amour de Dieu philanthrope. L’apparition de Jésus, sa Nativité, c’est l’apparition de l’amour de Dieu philanthrope.

 
La grâce de Dieu est apparue
 
       Ce verset de l’Épître de Saint Paul à Tite (Tite 2, 11) concerne la grande fête que nous célébrons le 6 janvier, et qui est appelée Théophanie (apparition, manifestation) de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Cette fête est appelée, dans le langage populaire, Apparition divine, ou Fête du Baptême. C’est l’ancienne fête de Noël dans l’Église orientale des premiers siècles (et encore aujourd’hui dans l’Église Arménienne orthodoxe). C’est l’apparition de Jésus dans le monde, d’abord avec la Nativité, puis l’adoration des Mages, ensuite le Baptême dans le Jourdain de la main de Jean-Baptiste, avec la Théophanie (manifestation), durant le Baptême, de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, comme le proclame le tropaire de la fête: “Dans le Jourdain lorsque, Seigneur, Tu fus baptisé, à l’univers fut révélée la Sainte Trinité”. Nous chantons aussi: “En ce jour de la Théophanie, l’univers a vu ta gloire car, Seigneur, Tu t’es manifesté, et sur nous resplendit ta lumière. Tu es venu et Tu t’es manifesté, Lumière inaccessible”.

       Cela est exprimé clairement dans les tropaires des Vêpres de la fête: “Toi qui fis le monde, Tu es apparu dans le monde, afin d’illuminer ceux qui étaient assis dans les ténèbres, Seigneur. Ami des hommes, gloire à Toi!” Et: “Tu as voulu Te montrer, en l’immensité de ton amour, aux pécheurs et aux publicains. Pour qui donc aurait brillé ta clarté, si ce n’est pour ceux qui sont dans les ténèbres? Dieu Sauveur, gloire à Toi!”

       Les chrétiens échangent les souhaits de la fête en disant: “Le Christ est apparu dans le Jourdain”. C’est aussi le symbole de la bénédiction des maisons en ce jour de la fête: “Le Christ est apparu. Par son apparition Il a sanctifié l’univers”.

       Sommes-nous conscients du sens de l’apparition du Christ dans notre vie, et du grand défi qui s’impose à nous dans notre conduite, nos mœurs, notre responsabilité envers le monde et la société? A cela nous convient nos chants liturgiques: “Dieu renouvelle son œuvre lorsqu’en naissant devant nous, ses créatures, Il s’est révélé” (Ikos 13 de l’Acathiste).

       Saint Paul nous dit (Colossiens 3, 4-5 et 9-10): “Quand le Christ, votre vie, se manifestera au grand jour, alors vous aussi vous serez manifestés avec Lui dans sa gloire. Mortifiez donc vos membres terrestres: fornication, impureté, passions, mauvais désirs, ainsi que la cupidité, cette idolâtrie... Vous avez dépouillé le vieil homme avec ses pratiques et revêtu l’homme nouveau qui, pour mieux connaître, se renouvelle sans cesse à l’image de Celui qui l’a créé”.

       Dans son Épître à Tite, il dit aussi: “Car la grâce de Dieu s’est manifestée, principe de salut pour tous les hommes, et nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde” (Tite 2, 11-12).

       Et encore: “Mais quand sont apparus la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes, ... Il nous a sauvés” (Tite 3, 4-5).

       Ainsi Dieu apparaît aux hommes pour les diviniser, les élever et les faire resplendir. En revanche, l’homme-Adam se cache dans le Paradis de devant la face de Dieu. “Dieu appela Adam et lui dit: Où es-tu? Et il dit: J’ai entendu ton bruit dans le jardin et j’ai craint parce que je suis nu et je me suis caché” (Genèse 3, 9-10).

       La nudité, c’est la privation de la grâce, la privation de la présence de Dieu, Ami des hommes, dans la vie des êtres humains. L’homme s’éloigne de Dieu, se dispense de Dieu, se rend indépendant de Dieu, devient son propre pivot, se recroqueville dans sa médiatique moderne, devient un monde indépendant de Dieu et de l’autre...

       Combien nous sommes impressionnés quand nous voyons un grand personnage, un supérieur, un roi, un pape, un président de la République, qui condescend, qui se mêle aux gens, qui revêt un habit simple, autre que celui de sa dignité ou charge... Nous nous en réjouissons, et nous trouvons que cela est le signe d’un amour privilégié.

       Eh bien! Ce grand Roi, c’est Jésus-Christ, Ami des hommes, né dans la grotte de Bethléem, qui est pourtant le Dieu d’avant les siècles, le Dieu Ami des hommes, Philanthrope...

       L’Incarnation, c’est l’approche de Dieu vers les hommes. Noël, c’est Dieu, Ami des hommes, qui s’approche des hommes. Alors que l’homme tâche de s’éloigner de Dieu; il ne veut pas que Dieu intervienne dans sa vie, dans son comportement, dans son destin.

       La fête de Noël revient chaque année pour nous faire ré-souvenir de ce grand événement: l’apparition de Dieu, Ami des hommes, qui aime les hommes, ses créatures.

       La série des fêtes et les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testaments sont toutes un prélude de la fête de Noël. Les événements de l’Incarnation se succèdent, jusqu’au 2 février. Le 6 janvier, c’est la fête de la Théophanie, fête du  début de la vie publique de Jésus. Toute la vie du Christ est une apparition de l’amour de Dieu envers les hommes: ses enseignements, ses paraboles, ses miracles, tous signes de son amour pour les hommes.

 
Le chrétien montre le Christ
 
       L’apparition de Jésus est importante. Mais, aujourd’hui, ton apparition comme chrétien, ton entière identité humaine et chrétienne montrent Jésus.

       Ton apparition, toi , chrétien, dans ta vie chrétienne, dans la société, dans la politique, dans le travail, dans tes relations avec chaque homme ou femme, dans l’absolu, sans distinction de religion, d’ethnie, de genre, doit être une apparition de Dieu, Ami des hommes.

       De cela on comprend l’importance de l’engagement dans les affaires de la société, notamment celles concernant les pauvres, les démunis, les mis en marge. C’est un rôle important du point de vue chrétien et humain.

       Gandhi a dit: “J’ai aimé votre Christ, mais j’ai haï votre christianisme”. De son côté, Saint Paul a écrit: “Le Nom de Dieu est blasphémé parmi les païens à cause de vous” (Romains 2, 24; cf. Ézéchiel 36, 20-22).

       J’ai reçu une fois un SMS avec des compliments pour le baiser de paix échangé entre les Hiérarques et le Patriarche à la fin des travaux du Saint-Synode: “J’ai aimé votre rite, votre liturgie, votre Église à cause de ce geste, si expressif de l’amour entre vous”.

       L’apparition de Dieu, Ami des hommes, est réalisée à travers la viue des chrétiens, dans l’histoire de l’Église, dans la vie des saints, dans les icônes saintes, dans la beauté des églises, dans l’amour envers les pauvres, dans la beauté des enseignements de l’Évangile. Tout cela, ce sont autant d’apparitions du Christ, Ami des hommes.

       Aujourd’hui, il y a une “laïcité” qui se répand et qui veut que la foi soit à l’intérieur de la maison de chacun et des murs de l’église, sans présence ou influence dans la société. Cette laïcité doit être résolument rejetée! Elle est contraire à l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous dit: “On n’allume pas non plus une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire; et elle brille alors pour tous ceux qui sont dans la maison” (Matthieu5, 15). Il nous dit aussi: “Qu’ainsi brille votre lumière aux yeux des hommes” (Matthieu5, 16).

       C’est le titre de la Lettre Encyclique du Pape François, qui est la continuation et dans la ligne de la pensée de Benoît XVI: Lumière de la Foi. Ainsi, l’apparition de Jésus est aujourd’hui menacée par cette laïcité, qui est devenue la religion d’aujourd’hui.

       Saint Paul nous dit: “Ainsi la création attend-elle avec impatience cette révélation des enfants de Dieu” (Romains8, 19).

       Cette création, c’est notre monde arabe. Jésus apparaît et se transfigure dans ce monde à travers nous, notre présence, notre vie, notre conduite et nos mœurs chrétiennes, nos fêtes, nos traditions, nos lieux de pèlerinage.

 
L’apparition de Dieu Amour, cela veut dire l’apparition de Dieu, Ami des hommes, et l’amour des hommes les uns envers les autres
 
       Comment les disciples du Christ montrent-ils le Dieu Ami des hommes? Ils le font apparaître par l’amour. D’où la parole de Jésus: “A cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous vous aimez les uns les autres” (Jean13, 36). Il y a autant d’autres versets qui parlent de la relation par l’amour entre l’apparition de Jésus  et celle des disciples de Jésus.

       D’où les mots de Tertullien au sujet des premiers chrétiens et du signe qui les distingue des autres, disons, qui les fait apparaître aux autres: “Voyez comme ils s’aiment”.

       Quand Jésus a versé une larme au tombeau de son ami Lazare, les Juifs qui étaient venus consoler ses deux sœurs Marthe et Marie se sont étonnés et ont dit: “Voyez comme il l’aimait” (Jean11, 36).

       Donc les enfants de Dieu Amour apparaissent par l’amour. Jésus a fait de l’amour la charte de leur vie, de leur conduite dans la société, de leur engagement pour les causes de la société, de leur service, de leur dévouement, de leur zèle, de leur générosité et de leur appartenance.

       L’Église servante apparaît à travers l’amour,  les œuvres de miséricorde et les projets de bienfaisance.

       Ce fut le cas de la première communauté chrétienne. Tous était en commun parmi eux. Tous avaient un seul cœur, un seul esprit. Ce fut le thème ostensible du Synode pour le Moyen-Orient: Communion et témoignage. Il est beau que les textes se rapportant à la vie de l’Église primitive soient le point de départ de l’Exhortation Apostolique Post-Synodale qui suivit.

       Aujourd’hui, nous avons besoin de comprendre le rôle de l’Église et celui des enfants de l’Église à la lumière de cette vision théologique, à la fois humaine et divine.

       C’est ainsi qu’est apparue l’Église dans notre monde arabe: elle est apparue à travers son amour, son service, ses institutions et ses projets.

 
L’apparition du Christ et des chrétiens dans le monde arabe

 
     Ce monde est notre monde arabe à majorité musulmane. Il a besoin de l’apparition du Christ à travers nous. C’est ainsi que nous lisons dans le Coran: “Vous n’êtes rien si vous ne considérez pas la Torah et l’Évangile” (Sourate “Al-Maidat” 5, 68)..

       Ce monde arabe musulman a besoin de nous. Ne privons pas notre monde de notre existence, de notre présence et de notre témoignage, en ne nous comportant pas en tant que chrétiens qui montrent le Christ et donnent une preuve de la beauté des enseignements de l’Évangile de Jésus, ou par notre absence, notre manque d’influence, la contraction de notre nombre et l’émigration.

       Autour de Naplouse, en Palestine, il y avait autrefois 53 villages chrétiens. Actuellement, il n’y a plus là que les églises et les cimetières, mais plus de chrétiens, des maisons vides et des champs...

       La présence chrétienne, dans notre région, c’est la vraie manifestation du Christ Dieu, Ami des hommes. C’est une présence de droit, un devoir, une mission, un rôle et un service.

       Je ne veux pas être orgueilleux, car je suis d’une nation qui ne s’enorgueillit pas. Je ne veux pas être plus arabe que les Arabes. Mais j’ose dire que, sans nous, les chrétiens, il n’y a pas d’arabité. Un grand homme d’affaires musulman (je ne dirai pas son nom) a affirmé, dans une conférence publique, que le monde arabe musulman a besoin de la présence chrétienne pour être arabe et musulman, et afin que s’y réalisent la convivialité, la démocratie, la justice sociale, l’ouverture...

       Je voudrais rappeler ici un texte du grand écrivain égyptien Mohammed Hassanein Heikal qui, en 2002, parlant du changement démographique et sociologique dans le monde arabe, écrivait:

       “J’ai une remarque à faire au sujet des chrétiens d’Orient. On note le phénomène de l’émigration des chrétiens. On ne peut pas détourner l’attention au sujet de ce phénomène, ni le négliger ou ignorer ses raisons ou causes, même si ces raisons sont psychologiques, en relation avec le climat prédominant, plus qu’en relation avec des réalités véridiques. Je sens que le panorama arabe tout entier sera différent humainement, du point de vue de la civilisation. Il sera sûrement plus pauvre, moins riche, si cette émigration des chrétiens est ignorée, négligée et est devenue objet de craintes, même injustifiées. Quelle perte si les chrétiens d’Orient sentent, avec ou sans raison, qu’il n’y a pas d’avenir pour eux et pour leurs enfants dans cet Orient! Et alors l’Islam restera seul, solitaire dans cet Orient où rien ne soulage sa solitude, si ce n’est la présence juive, sioniste, et plus précisément Israël”.

       La justesse de ce texte a été prouvée par le congrès qui, à Amman, a eu lieu les 3 et 4 septembre 2013, sur initiative de Sa Majesté le Roi Abdallah II de Jordanie, et a été présidé par Le Prince Ghazi Ben Mohammad, sur ce sujet: “Les défis auxquels font face les chrétiens arabes”. Des Patriarches et d’autres pasteurs chrétiens ont présenté des rapports sur ces défis. C’est à nous, chrétiens, de nous libérer de ces défis, en communion avec les musulmans. J’ai fait, à cet égard, un exposé exhaustif, dont voici quelques passages:

 
Les défis auxquels font face les chrétiens arabes

 
       “Les défis qu’affrontent les Arabes chrétiens sont les mêmes que ceux qu’affrontent tous les Arabes; ensuite apparaissent les défis liés à leur foi chrétienne. Quelques-uns disent qu’il y a une persécution contre les chrétiens: je n’aime pas employer ces mots. Cependant, il y a des choses qui arrivent dans la vie quotidienne des chrétiens qui sont pires qu’une persécution ouverte.

      - Le défi, pour les chrétiens, est d’être citoyens dans le plein sens du mot.
      - Le défi, pour les chrétiens, est de croire librement, sans restrictions imposées par leurs frères musulmans pour leur culte et leur foi.

      - Le défi, pour les chrétiens, est de garantir les possibilités d’études, de travail et d’emploi, en convivialité avec leurs frères musulmans.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de ne pas se sentir comme des citoyens de seconde classe parce qu’ils ne sont pas musulmans.

       - Le défi, pour les chrétiens, est qu’ils aimeraient entendre des versets de l’Évangile mentionnés dans les médias avec le même respect et la même estime que pour les versets du Coran.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de voir les programmes d’éducation, à tous les niveaux,  refléter un esprit de liberté de religion, d’égalité, d’acceptation des autres, de respect de la religion et de la croyance, et de garantir que l’éducation religieuse est pour tous les élèves sans discrimination, chacun selon sa religion et sa croyance.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de découvrir leur rôle dans la société arabe, et de sentir qu’ils sont partenaires dans leur patrie pour tous les aspects du partenariat.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de travailler en collaboration avec les musulmans pour le développement de leurs communautés, en une authentique coexistence, comme gardiens, avec eux, des valeurs ci-dessus mentionnées.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de sentir que la sécurité de leurs frères musulmans est la garantie de leur propre sécurité et stabilité.

       - Le défi, pour les chrétiens, vient de la division du monde arabe, qui est la cause des tensions dans notre société entre chrétiens et musulmans.  S’il y avait un monde arabe uni, je garantis que tous mes enfants spirituels chrétiens continueraient à vivre ici et n’émigreraient pas.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de se sentir exclus, marginalisés, à partir de leur expérience d’être enfermés, exclus, non engagés dans des partis politiques et ne participant pas à la vie politique... Si les chrétiens avaient un rôle, une chance, une position, une participation, un emploi, je garantis que nous pourrions résoudre la majorité des problèmes et des défis auxquels les chrétiens font face.

       - Le défi, pour les chrétiens, est d’arriver à faire sentir aux musulmans qu’ils sont leurs partenaires chez eux et dans toutes les modalités de vie.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de participer à la renaissance de la nation arabe et islamique. Ils ont notamment une grande potentialité pour être les partenaires de leurs frères et sœurs musulmans dans le développement de leur communauté, de leur pays, de leur ville ou village natal, de leur quartier. Les chrétiens ont la potentialité d’être un facteur de cohésion, d’être les voisins et les partenaires de leurs frères musulmans dans leur patrie. Leurs concitoyens peuvent profiter de ces énergies, qui sont disponibles dans nos écoles chrétiennes et nos services charitables, sociaux, médicaux, culturels, éducationnels, artistiques et techniques, qui sont ouverts à tous, et sont un bienfait numériquement plus pour les musulmans que pour les chrétiens.

       - Le défi, pour les chrétiens, aujourd’hui dans le monde arabe, est de sentir que ce monde arabe et musulman a besoin d’eux et apprécie leur présence, leurs activités et leurs services.

       - Le défi, pour les chrétiens, aujourd’hui dans le monde arabe, est de sentir que l’Église, dans ce Proche-Orient majoritairement musulman, est l’Église des Arabes et l’Église de l’Islam; qu’elle est une Église avec le monde arabe et pour le monde arabe, pour sa prospérité et son progrès, et pour œuvrer afin de faire ressortit l’image de l’Islam à travers la réalité de la vie ici et à l’étranger.

       - Le défi, pour les chrétiens, est de sentir que leur sécurité dépend de celle de leurs frères musulmans. De même, les musulmans doivent sentir que leur propre sécurité est liée à celle de leurs frères chrétiens. Cela a été un thème de tous mes discours, de toutes mes conférences et interventions, ainsi que de mes vœux pour la fête du Fitr 2013.

       - Le défi, pour les chrétiens, dans le monde arabe et à la suite du prétendu “printemps arabe”, est d’avoir un rôle dans l’évolution de la situation dans le monde arabe et pour résoudre la crise dans chaque pays arabe. Il ne devrait pas être permis de les marginaliser ou les exclure, ou d’oublier ou d’écraser leurs droits et leur identité.

       Les chrétiens sont une partie intégrante du monde arabe et de ses crises, problèmes et défis, de même qu’ils sont aussi une part de leur solution et de l’édification d’un avenir meilleur pour leurs générations montantes.

       (...)

       Le défi le plus dangereux est la division du monde islamique, avec la croissance de mouvements islamiques fondamentalistes, mouvements dans lesquels il n’y a pas de place pour l’autre, pour la pensée ou l’opinion de l’autre.

       L’un des défis majeurs pour la communauté arabe chrétienne est l’intégration de la religion, de l’État et de la société, ce qui ouvre la voie à des offenses aux libertés civiques, à l’égalité et à toutes les formes de liberté.

       Un autre défi, associé au précédent, est le concept de nation, qui peut être compris comme une façon d’éliminer le concept d’une patrie commune aux citoyens de divers groupes, ayant une structure plural stique dans une société plural stique.

       C’est pour moi, en tant que chrétien, un grand soulagement de parler à des musulmans, dans le cadre de ce dialogue, au  sujet des défis qu’affronte la foi chrétienne”.

 
Une responsabilité partagée
 
       Comment faire face à ces défis si diversifiés? Comment y répondre? C’est une responsabilité commune, chrétienne et musulmane.

        Mais les chrétiens ont peur du progrès galopant et de l’expansion des mouvements et groupes extrémistes et fondamentalistes (Takfiriat), et les musulmans ont peur de ces mêmes mouvements. Nous serons tous, chrétiens et musulmans, victimes de cette peur. C’est ce dont nous avons tous fait l’expérience, chrétiens et musulmans, durant ces deux années, en Syrie, en Égypte et en Irak.

       Si moi, chrétien et arabe, dont les racines arabes (les Ghassanides) sont antérieures à l’Islam, je ne suis pas considéré arabe, le musulman lui-même n’est pas arabe non plus. Car nous avons tous, musulmans et chrétiens, la même souche. De plus, n’oublions pas que beaucoup de musulmans sont des descendants d’ancêtres chrétiens, du moins en Syrie. En tant que chrétiens, j’alerte mes frères les musulmans au sujet des complots qui sont tramés contre l’Islam, et cela parfois de la part d’autres musulmans. Il est dans l’intérêt du monde musulman lui-même de combattre l’extrémisme, le fondamentalisme et le Takfir. Mettons-nous ensemble, formons un front commun face ô ce fondamentalisme! Sinon, les chrétiens vont continuer à émigrer, et les musulmans seront la cause de cette émigration, ou plutôt l’Islam extrémiste, les musulmans fondamentalistes et les takfiriens.

 
La cause palestinienne
 
       D’autre part, le fait de ne pas résoudre le problème palestinien et l’échec des Arabes à cet égard exposent l’Islam et les musulmans à plus d’extrémisme, de fondamentalisme et de dérive.

       C’est cela qui est la grande cause de l’émigration des chrétiens, mais aussi des musulmans. Car le conflit israëlo-palestinien est la racine de la série de crises qui continuent à déferler sur les Arabes, musulmans et chrétiens, en Palestine et ailleurs, depuis 1948.

       Nous avons les preuves claires, confirmées par les chiffres statistiques, sur les vagues d’émigration, surtout des chrétiens, mais aussi des musulmans, qui ont suivi chaque crise.

       Et le fait de ne pas résoudre ce conflit a eu pour résultat que les Arabes se sont “amusés” et ont commercialisé la cause palestinienne; au lieu de développer leurs pays, ils ont subjugué leurs peuples.

       Je dis cela parce que j’ai vécu l’expérience des Palestiniens en Palestine, comme Vicaire patriarcal à Jérusalem pendant 26 ans (1974-2000), et je continue à la vivre et elle reste une des priorités de mon service et de ma mission comme Patriarche de Jérusalem, en plus d’Antioche et d’Alexandrie.

       Le fait de ne pas résoudre le conflit israëlo-palestinien et la cause de la Palestine ont engourdi la nation arabe, le monde arabe et les pays arabes, à majorité musulmane, ce qui a eu des conséquences négatives pour l’Islam et les musulmans et a constitué un obstacle au progrès des pays arabes.

       Cela a été aussi la cause de la division du monde arabe et de la non-réalisation d’une vraie union arabe et du progrès de ces pays. C’est pourquoi il y a encore un pourcentage assez élevé d’analphabétisme, de pauvreté et de faim. De même, on déplore les régimes qui n’aident pas au vrai développement humain, surtout pour ce qui est des droits de la femme, du développement scientifique, etc.

       Nous savons tous qu’il est rare qu’un homme d’État arabe ait pu échapper à l’accusation d’avoir trahi la cause palestinienne. Nous savons aussi que le conflit israëlo-palestinien est à la base de l’exacerbation de sentiments de haine, d’animosité, brisant des générations entières, les chargeant de sentiments de vengeance et d’inimitié. Ce conflit est comme un cancer dans le corps du monde arabe.

       N’oublions pas la tragédie des réfugiés palestiniens dans les pays arabes frères. On a abandonné les réfugiés palestiniens dans leurs camps, qui se sont souvent transformés en prisons, ou ghettos, ou camps militaires, ou foyers de corruption, aux mains de partis rivaux et extrémistes se battant entre eux.

       De tout cela sont responsables les pays arabes en premier lieu. Et tout cela est le résultat de la division et de l’émiettement du monde arabe, et de la priorité donnée aux intérêts propres de chaque pays, de chaque parti, sur les intérêts des peuples, et spécialement les intérêts palestiniens.

       Tout cela a eu des répercussions, notamment sur la présence chrétienne.

       C’est pour cela que nous nous adressons à nos frères musulmans, en leur disant: Si vous voulez que les chrétiens restent avec vous, dans leurs patries, sur leurs terres, avec leur patrimoine, il y a deux conditions, à savoir résoudre le problème palestinien et travailler avec résolution ferme pour le développement des valeurs de l’Islam authentique, loin de l’Islam politique, salafiste et autre. L’Islam et les musulmans doivent protéger leur Islam de tous ces courants qui font du tort d’abord à l’Islam au niveau arabe, islamique et mondial, et sont, de plus, la cause de l’émigration des chrétiens arabes, privant le monde arabe et l’Orient chrétien, berceau du christianisme, de leur présence, de leur rôle, de leur mission admirable au service du monde arabe et islamique à travers les siècles, depuis la naissance du christianisme, il y a près de deux mille ans.

 
Rôle des chrétiens dans le berceau du christianisme: montrer Jésus, Ami des hommes
 
       Ce Dieu Ami des hommes invite tous les hommes et toutes les femmes à son amour et à manifester son amour pour les hommes à travers les hommes. C’est aux chrétiens, hommes et femmes, de porter l’amour de ce Dieu, Ami des hommes, à leurs frères et sœurs humains. Les disciples du Christ, ceux qui croient en Lui, sont appelés à Le manifester au monde, tout comme l’a fait la Vierge Marie, sa pure Mère, comme Dieu, Ami des hommes.

       Marie, la fille de Nazareth, fille de la Palestine, fille de cet Orient, a manifesté le Dieu, Ami des hommes, sur notre terre, à Bethléem, à Nazareth, en Palestine, dans l’Orient arabe.

       Aujourd’hui, qui manifestera ce Dieu, Ami des hommes? Ce sont ces chrétiens, qui ont été appelés chrétiens pour la première fois à Antioche, puis à Damas, Tyr et Sidon, dans cet Orient chrétien, berceau du christianisme.

       Toi, chrétien, tu es l’enfant de Marie, qui a manifesté le Dieu, Ami des hommes. Peux-tu te dérober à la mission de ta Mère, au service sublime de ta Mère, à son rôle, à sa noblesse, elle qui a donné le Dieu, Ami des hommes, à ce monde oriental, et à travers lui au monde entier?

       Veux-tu, penses-tu te dérober à ce rôle marial, qui est devenu ton rôle, à cause de ton histoire et de ta géographie, de ta tradition orientale, ta langue, tes Saints, tes églises, tes monastères...

       Qui, en dehors de toi, peut remplir cette mission? Si tu ne t’attelles pas à cette tâche, personne ne pourra le faire à ta place.

       C’est là le sens de cette Lettre de Noël, pour cette année, qui peut se résumer ainsi: Marie a manifesté le Dieu, Ami des hommes; aujourd’hui, qui manifestera le Christ, Ami des hommes, en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Égypte, en Irak, au Kouweit et dans les autres pays du Golfe Arabe, en Arabie Saoudite et dans tous les pays de cette Patrie arabe dont nous sommes, nous, les chrétiens arabes, les habitants aborigènes, antérieurs à l’Islam, et avec l’Islam depuis 1.434 ans, mais aussi avec les Juifs et tous les autres habitants de cet Orient, avec toutes ses différentes communautés? Qui manifestera le Christ en dehors de toi, chrétien, toi, jeune garçon, et toi, jeune fille? Et en dehors de vous, député, ministre, médecin, politicien, soldat, commerçant chrétiens?

       Qui sonnera la cloche de l’église? Qui sera baptisé dans le baptistère du village? Sur la tête de quels couples seront posées les couronnes des mariés? Qui sera oint avec le Saint Myron? Qui vénérera les saintes icônes? Qui chantera les hymnes de Noël, de la Résurrection et des fêtes des Saints? A Pâques, qui chantera “Le Christ est ressuscité” et répondra “Il est vraiment ressuscité”? Qui célébrera les fêtes de Saint Georges, Sainte Elie, Sainte Tecla, Sainte Barbe? Qui ornera l’arbre de Noël et allumera les lampions de la crèche?

       Je suis à la fois non sentimental et sentimental. Mais je suis véridique: mes paroles sont des paroles d’histoire, de géographie et de logique.

       Mon frère chrétien, ma sœur chrétienne, sans toi, tout cela se dissipera. Du fait de la crise en Syrie, plus de trente églises ont été dévastées ou détruites, les cloches n’y sonnent plus, les prières ne s’y élèvent plus, il n’y a plus de prêtre, et donc pas de Divine Liturgie, pas de baptêmes d’enfants, plus de prédication de la Parole de Dieu, plus de bénédiction nuptiale et plus de couronnement des jeunes mariés, plus de nouveaux-nés qu’on présente à l’église, plus de prières pour les malades, plus de funérailles ni pour les civils ni pour ceux qui sont tombés au champ d’honneur, plus de lampes allumées avec l’huile de nos oliviers, plus de cierges allumés qui symbolisent Jésus, lumière pour tout homme qui vient en ce monde! Plus d’encens aromatisé devant l’autel et les icônes, plus de voix puissante des chantres et des chorales qui entonnent des hymnes! Plus de carillons joyeux qui annoncent la Résurrection ou accompagnent la procession des Rameaux, tandis que les enfants avec leurs habits blancs et des cierges ornés dans les mains sont portés sur les épaules du père ou du grand frère!

       Sans toi, chrétien oriental, aucun frère musulman n’entendra plus la cloche d’une église, ni la voix d’un chantre ou d’une chorale de village ou d’un monastère de religieux ou de moniales. Plus de processions, avec la croix et les icônes de la Vierge et des Saints de notre pays, de notre village, de nos familles, avec ces cantiques à la Vierge si populaires!

       Qui, sans toi et en dehors de toi, dira: “Le Christ est Dieu”? Qui criera à tue-tête: “Le Christ est ressuscité”? Qui dira: “Joyeux Noël”? Qui chantera les louanges de la Vierge Marie (Acathiste), qui célébrera la Paraclisis, qui dira le chapelet, qui visitera les sanctuaires mariaux? Qui souhaitera “Bonne fête” aux musulmans lors de leurs célébrations pour leur rendre leurs souhaits lors de nos fêtes? Qui continuera la convivialité des chrétiens, des musulmans et des juifs? Qui sera le sel de cette terre arabe, la lumière du Christ en Orient, le levain de bien dans nos sociétés?

       Tout cela est la manifestation du Christ, de Dieu Ami des hommes. Tout cela disparaîtra sans toi, chrétien oriental. C’est à travers toi que le Christ Ami des hommes se manifestera. Mais, sans toi, Il ne se manifestera pas, et l’Orient oubliera son Évangile, ses enseignements, ses miracles.

       Noël, avec la Vierge Marie, est la première manifestation de Jésus, Ami des hommes. Le christianisme est la manifestation de Jésus, Ami des hommes. Le vrai chrétien est celui qui, de même, manifeste le Christ, Ami des hommes.

       Nous avons besoin de chrétiens qui soient capables de cette manifestation, qui puissent manifester les valeurs de l’Évangile. Nous voulons des chrétiens qui manifestent le Christ dans leur vie, leur conduite, leur présence, leur témoignage, leur engagement, leur interaction au sein de leur société, leur action politique, leur service dans les différents secteurs de la vie de leur société.

       L’Église est la communauté des chrétiens qui sont croyants et capables de manifester le Christ, Ami des hommes. L’identité de l’Église est claire, pure, ferme, constante, visible pour tous. L’Église doit être capable d’accomplir sa mission et son rôle devant tous, sans honte ni peur. Notre souci pour la présence chrétienne dans notre région est fondée sur ces certitudes et ces convictions. 
 

Appel: Restez ici! N’émigrez pas!
 
       Pour cela, nous exhortons nos fidèles et les appelons à la patience dans les tribulations, surtout dans ce tsunamides crises étouffantes, destructrices, sanglantes et tragiques de notre monde arabe, surtout en Syrie, comme aussi en Égypte, en Irak, en Palestine et au Liban, à des degrés différents.

       Nous les appelons à ne pas émigrer, à être fermes sur leur terre, dans leur village ou leur quartier, malgré les difficultés que nous connaissons tous. Nous partageons la souffrance de nos frères et de nos sœurs. Nous prions pour les nombreuses victimes, dont le nombre croît tous les jours. Nous sommes meurtris par la douleur et la souffrance des blessés dans nos hôpitaux, et avec ceux qui portent des handicaps. Nous déployons tous les efforts possibles pour alléger cette peine poignante de millions de nos concitoyens, déplacés et déstabilisés à l’intérieur ou à l’extérieur de la Syrie, et pour obtenir la libération de ceux qui ont enlevés, comme les deux Métropolites d’Alep, et d’autres prêtres et fidèles, nos concitoyens.

       Oui! Nous voulons à tout prix préserver cette présence chrétienne, forte, croyante, convaincue, résistante, profonde, ouverte, interactive, dialoguante, agissante, influente, calme, capable de porter le témoignage et la bannière des valeurs chrétiennes, de la vraie vision chrétienne, dans notre monde à majorité musulmane, une présence avec et pour ce monde, afin que s’y manifeste le Christ Jésus, Dieu Ami des hommes, le miséricordieux, qui s’est incarné, est né et est venu dans notre monde, afin d’apporter à l’humanité le Saint Évangile, l’annonce du bien, de la foi, de l’espérance et de la charité. Il est venu jusqu’à notre terre pour réunir les enfants de cette terre, dispersés et divisés, pour détruire le mur de l’inimitié entre les humains et faire flotter la bannière de la paix, de l’amour, du pardon, de la justice et de la fraternité universelle. Car tous sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, afin qu’ils aient la vie et l’aient en abondance.

       Le chrétien qui est capable de s’armer de patience et de porter cette sainte mission, c’est celui-là qui résistera et n’émigrera pas et pourra supporter les souffrances, les peines et les calamités, et sera même prêt à accepter le martyre, afin de porter à son monde la lumière du Christ, qui brille pour tout homme venant en ce monde. C’est ce que nous proclamons dans notre liturgie de Carême: “La lumière du Christ luit pour tous et toutes”.

       Nous voulons ces chrétiens! Ils portent l’annonce de l’Évangile, l’annonce du bien et de la paix; ils montrent, dans leur vie et leurs œuvres, le Christ, Dieu Ami des hommes. Ce sont ceux-là qui maintiennent la présence chrétienne dans l’Orient.

       J’aimerais lancer ce slogan: Une présence chrétienne, sans l’engagement dans la mission et le rôle des chrétiens, pour moi n’a pas de sens. Et une mission chrétienne sans présence chrétienne est impossible!

       Il est donc d’une très grande importance et d’une grande nécessité de toujours relier la présence chrétienne à la mission et au rôle des chrétiens.

       Si nous émigrons, qui manifestera Jésus Ami des hommes?

       Si nos églises et nos monastères sont fermés, qui manifestera Jésus Ami des hommes?

       Si nos institutions de bienfaisance et nos œuvres sociales disparaissent, qui manifestera Jésus, Ami des hommes et surtout des pauvres?

       Je suis carrément contre l’émigration. C’est pour cela que je ne cesse d’œuvrer pour l’arrêter ou la diminuer, et d’écarter les obstacles qui y poussent.

       Tout cela, je le dis avec un grand amour pour nos frères, tenant compte de leurs peines, leurs souffrances, leurs peurs et l’épreuve de ces jours, surtout du fait de cette crise syrienne, tragique et meurtrière. Malgré cela, je leur dis: Restez! Malgré mes sentiments et les souffrances que je partage avec eux.

       Je rédige un document intitulé “Journal tragique et sanglant d’un Patriarche”. En effet, je vis cette crise au jour le jour, en Syrie ou ailleurs, nuit et jour, au pays ou en voyage, au téléphone, à travers les rencontres, les congrès, les conférences, les interviews, les contacts à différents niveaux pour recueillir de l’aide. Je la vis à travers tout cela, constamment, et en pleine et continuelle disponibilité. Je vis la crise de la Syrie, mon pays,  et la souffrance de tous mes concitoyens, de toutes les Églises, confessions et orientations confondues, et plus particulièrement de mes frères et sœurs, les chrétiens.

       Malgré tout cela, à tous, et aussi à mes parents, qui ont quitté ma ville natale de Daraya (qui est un des lieux où l’on suppose que Saint Paul rencontra Jésus, sur la route vers Damas), je répète sans cesse: N’émigrez pas, prenez patience, fortifiez-vous, suivez l’exemple de vos concitoyens et frères musulmans! Écoutez la voix de Jésus, et non la mienne! Jésus nous dit: “N’ayez pas peur!”.

       Je n’oblige personne à rester. Je n’ai contacté aucun consulat (contrairement à ce qu’on dit ça et là) pour empêcher d’accorder un visa vers tel ou tel pays. Mais je prêche, je parle et je conseille, en disant: Restez ici! J’ai été applaudi, mais aussi critiqué, pour cette position.

       Je ne changerai pas de ligne. Car je veux rester ici, afin de manifester le Christ, Ami des hommes, maintenant et demain. Et je veux que vous restiez, vous aussi. Ensemble, vous et moi, nous voulons rester ici pour manifester le Seigneur Jésus, Ami des hommes, aujourd’hui et demain. Nous voulons rester afin d’œuvrer ensemble pour un monde pluraliste, ouvert, libre, digne et démocratique, dont nous serons les meilleurs bâtisseurs.

       Voici ma triple idée:

       1) Nous devonsrester ensemble, chrétiens et musulmans, pour édifier ensemble la Syrie nouvelle et le monde arabe nouveau.

       2) Nous pouvonsrester ensemble, chrétiens et musulmans, pour édifier ensemble la Syrie nouvelle et le monde arabe nouveau.

       3) Nous voulonsrester ensemble, chrétiens et musulmans, pour édifier ensemble la Syrie nouvelle et le monde arabe nouveau.

       Voilà ma conviction! C’est ce qui donne un sens à ma présence comme chrétien, pasteur, Patriarche et citoyen arabe syrien chrétien.

 
Rachel pleure ses enfants
 
       Beaucoup de larmes ont accompagné la naissance de Jésus, lorsque le roi Hérode commit le massacre des enfants de Bethléem, âgés de moins de deux ans (les Saints Innocents), dans une tentative de tuer l’enfant Jésus, le Messie, dans son berceau.

       Aujourd’hui, beaucoup de larmes coulent partout dans notre monde arabe, tristement, surtout en Syrie, en Égypte et en Irak. Ainsi s’accomplit dans nos familles et chez nos mères la parole du prophète Jérémie: “Une clameur s’est fait entendre à Rama, des lamentations et des sanglots sans fin. C’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console, parce qu’ils ne sont plus” (Jérémie31, 15; Matthieu2, 18).

       J’ai commencé à préparer cette Lettre de Noël au mois de juillet dernier. Cependant, j’ai ajouté ce passage à la suite de l’escalade galopante, jour après jour, qui a atteint son paroxysme le 21 août dernier, qui fut un des jours les plus sanglants, tristes et noirs, lorsqu’un combat infernal a eu lieu dans la Ghouta, un faubourg de Damas, où plus de 1.400 personnes ont été tuées. De plus, entre le 15 et le 30 août, environ 130 obus sont tombés dans différents endroits de Damas, surtout dans la vieille ville, entre Bâb Touma (Porte de Saint-Thomas) et Bâb Charqi (Porte Orientale). Dans ce quartier, où se trouve la fameuse rue romaine historique citée dans les Actes des Apôtres, la Via Recta, il y a une centaine de lieux ou sites chrétiens: Patriarcats, églises, couvents, écoles, orphelinats, institutions sociales et de bienfaisance, centres de la Conférence de Saint Vincent de Paul, asiles pour personnes du troisième âge et handicapés, centres pastoraux pour jeunes, sièges de confréries, etc.

       Mon âme était profondément triste. J’ai pleuré, ce jour-là, sur le sort si tragique de mon pays, et j’ai répété ce verset des larmes de Rachel.

       Des événements tragiques et sanglants ont eu lieu ailleurs au Proche-Orient. En Irak, sans arrêt. A Beyrouth, surtout dans la banlieue sud, et à Tripoli, à Saïda... En Égypte, où le sang a coulé à flots; près de cent églises ont été détruites, incendiées ou saccagées; et de même des mosquées, des institutions sociales privées ou publiques, des écoles, des centres commerciaux, des habitations...

       Ces événements tragiques ont eu de graves répercussions dans un grand nombre de nos éparchies et paroisses, pour les églises et les écoles notamment, en Syrie, au Liban, en Égypte et en Irak. En Syrie, quelques églises ont été incendiées, détruites ou endommagées. Je dois mentionner surtout Maaloula, haut lieu historique de la Syrie chrétienne, mais aussi Homs, Raqqa, Hassaké, Yabroud, la Vallée des Chrétiens, et d’autres régions du pays. La Syrie n’a jamais expérimenté une telle tragédie!

       Aujourd’hui, nous sommes tous comme Rachel, qui pleurait son deuil. Comme autrefois, il y a plus de deux mille ans, des enfants sont massacrés, victimes de la guerre et des conflits. D’autres enfants sont déplacés, errant avec ou sans leurs parents. Une statistique a donné le chiffre de deux millions d’enfants traumatisés, atteints de maladies psychiques.

       Oui, Rachel ne cesse de pleurer ses enfants. La mère Syrie pleure ses enfants. Chaque famille pleure ses enfants, ses victimes, ceux qui sont enlevés, disparus, blessés, atteints de handicap. Les victimes sont les enfants de la Syrie, ses hommes, ses jeunes, ses femmes, ses vieillards, ses prêtres, ses Évêques...

       Je dédie cette Lettre de Noël à cette Mère Syrie, souffrante, ensanglantée, triste, patiente, lutteuse, croyante, pleine d’espoir, confiante dans la miséricorde et la Providence de Dieu, noble, honnête, grande. Je l’ai méditée, rédigée et écrite dans les larmes, la prière, l’espérance, la confiance, l’abandon à la volonté de Dieu. Je prie afin que reviennent l’amour, l’espérance, la sécurité, la tranquillité, la paix, la solidarité et la miséricorde mutuelle, dans toutes les régions de la Syrie et dans tous nos chers pays arabes.
 
 
Souhaits de Noël
 
       J’écris cette lettre avec un cœur endolori, les yeux en larmes. Je m’adresse à mes frères les Hiérarques, à mes fils les prêtres et les religieux, à mes filles les religieuses, aux diacres et à tous les fidèles de notre Église patriarcale grecque-melkite catholique, dans le monde arabe et dans les pays d’émigration, à nos chers amis et à nos généreux bienfaiteurs.

       Cette Lettre de Noël est la troisième depuis le début de la crise et de la guerre en Syrie.

       Le jour du Vendredi Saint de cette année, j’ai écrit une lettre au Saint Père François, au sujet de la Croix. Je lui disais que nous portons la croix depuis deux ans et  demi. Et que nous avons besoin de son aide pour porter cette croix avec nous.

       Et c’est ce qui est arrivé! Depuis lors, le Pape ne cesse de répéter les appels en faveur de la Syrie “bien-aimée”. Quand la crise a atteint son paroxysme, le 8 août dernier, le Pape a lancé son appel admirable de support pour la Syrie: pas de frappe contre la Syrie! Avec son appel au jeûne et à la prière pour la paix en Syrie et dans le monde.

       Le monde entier s’est rallié au Pape.

       Mais la ville de Maaloula est tombée dans la même période, Maaloula, qui représente l’héritage, la tradition et la présence chrétienne pendant près de deux mille ans. La Syrie est entrée dans la conscience du monde par trois voies:

       1) La menace d’une attaque contre la Syrie;

       2) La chute de Maaloula;

       3) L’appel au jeûne et à la prière de la part du bien-aimé Pape François.

       Le prodige a eu lieu. La scène changea. La tempête s’est apaisée. Je me suis alors souvenu de la tempête qui s’était abattue sur le lac de Tibériade. Jésus intervint et apaisa la tempête (Matthieu8, 23-27; Marc4, 35-41; Luc8, 22-25). Le Pape François est intervenu, et il a apaisé la tempête. Toutes les Églises et le monde entier se sont joints, d’un seul esprit, à l’appel du Pape, sur la voie de la paix, vers l’édification d’un monde meilleur.

       J’ai été invité à une réunion, au sujet de la situation en Syrie, par le Conseil Œcuménique des Églises, à Genève, le 18 septembre dernier. Dans mon intervention, j’ai insisté sur les points suivants:

-      - Non aux armes! Non à la violence! Non à la guerre!
       - Oui à la paix, à la réconciliation et au dialogue.
       - Appel pour aller à Genève-2.
       - Œuvrer pour continuer la convivialité entre musulmans et chrétiens au Proche-Orient.

       C’est là l’avenir prometteur, la vraie vision qui fait que la flamme de l’espoir ne s’éteigne pas dans nos cœurs, en Syrie, en Orient et dans le monde entier, comme l’a souhaité le Pape François.

       C’est à cela que je vous appelle. Et comme le Pape François a été solidaire avec nous pour porter la croix de la Syrie, je vous appelle tous à porter avec nous cette croix, à nous aider à  arriver à l’aube de la Résurrection. Je remercie tous ceux qui ont été à nos côtés pour alléger la souffrance autour de nous.

       A tous, je souhaite une sainte fête de Noël, et une Année Nouvelle de paix, de sécurité, de stabilité et  de prospérité.

       Bonne Fête!
       Bonne Année!

 
                                     + Gregorios III
                                      Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient,
                                      d’Alexandrie et de Jérusalem